» Liberez le Goût » … ! Carlo Petrini : » « Une gastronomie qui ne pense qu’à l’homme mais pas à la terre n’est pas juste «
16 juin 2015
Catégorie : Tendances
C’est le Figaro qui est allé à la rencontre de Carlo Petrini, l’homme qui est derrière le Slow Food, sort un nouveau livre et continue ses combats pour pour mieux alimenter la planète. Au passage il déglingue Milano Expo 2015 dont le thème est la nourriture et qui selon lui n’a pas laissé assez de place aux paysans et producteurs, il dénonce également la porno-gastronomie qui pour lui est seulement un business.
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Carlo Petrini : « Coca Cola et McDonald’s gâchent l’Expo de Milan»
A l’occasion de la sortie en France de son livre Libérez le goût, le fondateur de Slow Food regrette que l’exposition universelle n’implique pas les paysans. Il organise en octobre un événement en leur honneur.
«En ce moment à Milan, l’exposition universelle bat son plein. Mais nous sommes très tristes que l’esprit de l’Expo ait été sacrifié à l’industrie agro-alimentaire, comme le prouve la participation de Coca Cola ou McDonald’s.» Venu présenter l’édition française de son dernier ouvrage, Libérez le goût (Éd. Libre & Solidaire), en vente depuis quelques jours, Carlo Petrini, fondateur de Slow Food, ne mâche pas ses mots.
Réunis autour de fromages et charcuteries chez Bocca Rossa, la table transalpine de Sylvain Sendra (Itinéraires) dans le Quartier Latin, journalistes, membres et sympathisants (Cécile Duflot est au premier rang) de la branche française de l’association fondée pour lutter contre les fast food sont prévenus : le Slow Food n’est pas qu’un club de «bobos voulant bien manger».
Il s’agit plutôt d’une approche de la gastronomie comme «science holistique», comme l’a définie Brillat-Savarin, référence souvent citée par le Piémontais, englobant l’ensemble de la chaîne de production et ses effets sur l’environnement et les paysans. « Je me fiche de la porno-gastronomie omniprésente dans les médias : il n’y a pas que les photos de plats, les recettes et les étoiles qui comptent, il y a aussi l’agriculture, la fertilité du sol, le désastre de l’eau. Une gastronomie qui ne pense qu’à l’homme mais pas à la terre n’est pas juste» dénonce celui que beaucoup considèrent comme le José Bové italien.
10.000 jeunes fermiers du monde entier
Carlo Petrini, dont l’action et l’engagement ont été reconnus par les Nations unies en 2013 ( prix de Champion de la Terre «pour avoir amélioré et rendu plus soutenables l’alimentation et l’offre de nourriture dans de nombreux pays» ) a créé Arcigola en 1986, qui deviendra Slow Food en 1989.
Il est aussi le fondateur du réseau Terra Madre, du Salon du Goût de Turin et de l’Université des Sciences gastronomiques de Pollenzo (Piémont), qui accueille 600 étudiants par an.
Son essai Libérez le goût revient sur les origines de Slow Food – le scandale du vin au méthanol, au printemps 1986, qui a ruiné les producteurs de Barolo et Barbaresco -, sur son développement – l’association est présente aujourd’hui dans 150 pays et compte 100.000 membres rattachés à 1500 antennes locales – et sur ses combats pour défendre le droit à la nourriture, à l’eau et à la sauvegarde de la biodiversité.
Considérant «ridicule» l’absence de paysans et de producteurs à une expo universelle ayant pour thème «Nourrir la Planète», Carlo Petrini et Terra Madre ont annoncé une initiative parallèle, à Milan, du 3 au 6 octobre, intitulée «We feed the planet».
L’objectif : Inviter 10.000 jeunes fermiers, pêcheurs, nomades et étudiants du monde entier à des ateliers et des débats sur le futur de l’alimentation et de l’agriculture. Pour pouvoir accueillir les paysans africains ou sud-américains sans que ceux-ci n’y laissent leur salaire annuel, une plate-forme de crowdfunding a été mise en place. Terra Madre a également demandé aux Milanais d’héberger ces petits producteurs pendant les trois jours. Dario Fo et Adriano Celentano se sont déjà déclaré disponibles. « Ça c’est utile, pas l’Expo » a conclu Petrini.
Source : Le Figaro Alice Bosio