Les Critiques Gastronomiques – Changement de Génération –
12 mai 2015
Catégorie : Presse & Médias, Tendances
Les critiques gastronomiques sont-ils en voie de disparition ?
À l’ère du numérique, les médias traditionnels se transforment, les blogs, les sites internet, les réseaux sociaux, les nombreuses applications dédiées aux bonnes adresses de tables, ont littéralement transformé la composition et le contenu de beaucoup de nos journaux et hebdomadaires.
Beaucoup d’internautes veulent s’improviser aujourd’hui chroniqueurs culinaires, critiques gastronomiques, experts de l’assiette, avant il y avait les connaisseurs ceux qui ont roulé leurs bosses dans les tables toute une vie et qui avaient souvent une belle plume, jouant avec les bons mots autour de bons mets.
Mais tout cela, c’était avant, dernièrement un grand restaurant fêtait un événement historique, parmi les nombreux invités, quelques journalistes gastronomiques réputés, ceux qui ont encore une chronique régulière et une vraie expertise, puis se mêlaient à l’assemblée autant de blogueurs (es) plus ou moins influents (es ), qui invité(e)s par les attachées de presses se révélaient totalement novices de la table. Tout cela semblait tellement irréel.
Alors, la question qu’il vient à l’esprit : les critiques et journalistes gastronomiques sont-ils des chefs d’œuvres en péril ?
Il n’y a pas si longtemps, le choix d’un restaurant se faisait via un guide papier ( Michelin, Gault&Millau… ), une critique de table ou une chronique gastronomique sur un quotidien ( Figaro, le Monde, Libération… ), un article sur un magazine, le bouche à oreille… Beaucoup de consommateurs se fiaient alors à l’avis éclairé de professionnels de la gastronomie.
Cette habitude n’a certes pas disparu, mais elle est de plus en plus concurrencée par de nouvelles pratiques. A l’ère du numérique, tout le monde peut désormais donner son avis sur un restaurant et se considérer comme critique gastronomique.
L’avènement de l’internet et du tout numérique
La popularité des blogs « lifestyle « et « cuisine « est importante, ils développent souvent une rubrique « restaurant «, un carnet de « bonnes adresses «, et donnent leurs avis sur l’assiette, même si d’ailleurs l’auteur n’y a pas forcément mangé.
Si vous ajoutez à cela, les sites comme Tripadvisor, Yelp, L’Internaute, … où chacun peut donner son avis, vous vous trouvez face à une quantité considérable d’avis de consommateurs. Internet permet aux individus de cibler plus rapidement que jamais un lieu en fonction de certaines conditions (prix, emplacement, type de nourriture, ambiance, etc.).
À ce jour, il reste quand même quelques pointures pertinentes dans la presse professionnelle dédiée à la cuisine, mais toute une génération de fins connaisseurs de la gastronomie est entrain de passer la main, changement de génération, nouveaux arrivants.
Faisons un point, regardons de plus près, voyons l’inventaire de la presse écrite, les historiques, les actuels, les jeunes loups :
Les historiques :
– Jean-Claude Ribaut a dernièrement déposé sa plume réputée du Monde, pour se consacrer à l’écriture, fin connaisseur de l’histoire de la gastronomie, c’est un auteur de talent.
– Nicolas De Rabaudy ex du Figaro se contente d’écrire sur le site Slate.fr
– Maurice Baudoin se contente de sa page hebdomadaire sur Le Figaro Magazine où il continue à visiter les plus beaux palaces qu’il affectionne particulièrement.
– Claude Lebey a définitivement cessé d’écrire depuis qu’il a cédé son guide.
– Philippe Couderc a quitté le Nouvel Obs où il a animé pendant longtemps la rubrique restaurant . Aujourd’hui, il lui arrive encore de gratter quelques papiers par ci par là.
Les actuels qui écrivent :
– François Simon, il a définitivement raccroché du Figaro après plus de 20 ans, il anime Simon Says, son blog, et produit une page hebdomadaire sur M le Monde, moins suivi mais il continue à faire bouger les lignes.
– Colette Monsat, elle continue à exercer pour le Figaro et le FigaroScope, proche des grands chefs, mais pas vraiment critique gastronomique.
– Périco Légasse, connu pour ses coups de gueules, il continue à produire régulièrement des papiers pour Marianne.
– Gilles Pudlowski a quitté Le Point pour se consacrer à une demi-retraite, à son guide éponyme et à son blog, il anime encore certains réseaux.
– Véronique André, elle anime des rubriques dans le Madame Figaro, Valeurs Actuelles, lesrestos.com… elle visite beaucoup de restaurantes connait bien les chefs.
– Marc Esquéré il parcourt les tables de France pour rédiger le guide Gault & Millau, c’est un expert des grandes tables.
– Jean-Paul Géné qui continue à écrire pour le magazine de week-end pour le Monde, et anime une chronique sur France Inter.
Les jeunes loups qui comptent et qui font bouger les lignes :
– François Régis Gaudry pour L’Express Style, L’Express, et son blog » Et Toques « , redoutable connaisseur.
– Thibaut Danancher pour Le Point, lepoint.fr, il connait les chefs et les restaurants sur le bout des doigts, en vrai critique gastronomique, il parcourt régulièrement la France pour les éditions spéciales pour Le Point. Il sort régulièrement des infos sur l’univers des chefs.
– Emmanuel Rubin, Figaroscope, BFMTV, journaliste, animateur, il se consacre essentiellement à Paris,
– Luc Dubanchet, ancien de Gault & Millau, pas vraiment critique gastronomique, il se consacre maintenant à développer Omnivore
– Alexandre Cammas, journaliste de la nouvelle génération, il s’est concentré à faire vivre le mouvement Fooding.
– Franck Pinay Rabaroust – Ex du guide Michelin, il a crée le site Atabula – blogueur, réputé polémiste – il connait bien l’univers des chefs, mais ce n’est pas lui non plus un critique gastronomique.
Il y a ceux qui ont décroché définitivement :
Il y a ceux qui ont définitivement arrêté depuis longtemps, c’est par exemple Michel Piot ex du Figaro, ou la franco-américaine Patricia Wells qui écrivait pour L’express et le Herald Tribune, elle continue à animer un blog en langue anglaise, Christian Millau qui a cédé le groupe Gault & Millau et depuis ne s’est plus exprimé sur les restaurants, il écrit des livres, et puis il y a ceux que l’ont regrette comme par exemple l’excellente Alexandra Michot du Figaro qui pendant longtemps produisait des articles de fond sur les chefs, les produits, les tendances….
Il y a ceux qui font de la télévision mais qui ne sont pas des critiques gastronomiques
Jean-Luc Petitrenaud pour France 3, Jean-Pierre Coffe qui traite de cuisine, Sébastien Demorand ex Masterchef, Julie Andrieu sur France 3 également….
Les cartes faussées sur le net…
Les consommateurs s’identifient en général plus facilement aux blogueurs qu’aux critiques professionnels, c’est l’époque qui veut ça. L’internaute a l’impression de lire l’avis d’un ami, sans se rendre compte que souvent les avis sont truqués, manipulés ou commandés. D’autant que l’on voit apparaître des sociétés qui commercialisent de faux commentaires pour les restaurateurs, même si pour l’instant on estime cette manipulation à seulement 10 % des commentaires, ils pourraient doubler rapidement.
Alors même si nombreux sont les restaurants qui apprécient leur visibilité sur le web, et l’apport de clients via l’internet, beaucoup ont eu aussi à faire face à des commentaires négatifs injustifiés laissés par des clients revanchards de mauvaises foi, des personnes frustrées par la vie, ou des concurrents en mal de notoriétés.
Avec tout ça, quelle place reste t-il aux critiques gastronomiques ?
Plusieurs journalistes gastronomiques ont donc ouvert leurs blogs gastronomiques comme « Et Toques « du journaliste de l’hebdomadaire L’Express Style François Régis Gaudry, ou « Les pieds dans le plat « du journaliste écrivain Gilles Pudlowski, et même « Simon Says « du journaliste François Simon. Une façon d’être présent sur le papier et sur le numérique.
Depuis l’avènement d’internet, certains guides comme le Michelin et le Gault&Millau ont lancé leurs applications mobiles, ouvrant aux internautes une tribune pour donner aux clients la possibilité de laisser leurs avis.
Mais le milieu de la presse est en pleine révolution, la crise n’a pas épargné le secteur, changement réguliers d’actionnaires, plans de licenciements et de départs, aujourd’hui beaucoup de seconds couteaux et de stagiaires font le taff en copiant ce qu’ils retrouvent sur internet, prenant la place des célèbres plumes.
Mais le lecteur averti ne s’y trompe pas, certains critiques gastronomiques restent des valeurs sûres.
Pouf
13. mai, 2015
Les journaux se vendent de moins en moins et les rédactions non plus de fric pour payer des bons restos aux journalistes .
En plus aucun d’eux ne sont vraiment capable de parler de cuisine, leurs articles sont tristes et on sent qu’ils ne connaissent rien au vrai métier de cuisinier, ils sont trés forts pour les polémiques et sont souvent sous influences .
A quand des stages en cuisine pour que l’ont ai de vrais critiques objectifs et sincères.
The Artful Dodger
13. juil, 2015
Combien de fois, discutant avec des restaurateurs, j’ai entendu pis que pendre sur ces soi-disant critiques bien connus (et dont vous faites la liste), mais ils étaient, avouaient-ils, bien obligé de les « rincer » comme disait vulgairement l’un d’eux (deux étoiles M)… le genre P*** ou C*** qui débarque avec sa femme et un couple d’amis et qui bouffe comme quatre sans payer… heureusement, aujourd’hui les gens se détournent de ces stipendiés gras et malhonnêtes…
philippe COUDERC
25. mai, 2016
A ce jour (25 mai 2016) PHILIPPE COUDERC maintient toujours sa chronique HEBDOMADAIRE gastroonomique ,hoteliere et voyages dans CHALLENGE’s créée il y a déjà une dizaine d’années.Ceci pour info et rectification
Stéphane de Lyonresto
31. août, 2016
Je gère le guide http://www.lyonresto.com depuis 15 ans.
Les écrits de qualité sont de plus en plus recherché : Honnête, riche, intéréssant, pertinent…
Force et de constater que la généralisation des opinions sur internet, n’est pas synonyme de qualité, Au contraire !. Il s’agit souvent de feed-back affectif très personnel.
D’une façon ou d’une autre il va y avoir un retour de personne qui savent apprécier et retransmettre leurs découvertes.
Pour ma part je suis la plupart des journalistes cité ci-dessus, ils ont un savoir-faire qui sa place même si il y a aussi eut des travers que l’on ne peut nier.
P.Michel
01. juil, 2017
Le commentaire de the Artful Dodger dévoile en partie la réalité:
« Combien de fois, discutant avec des restaurateurs, j’ai entendu pis que pendre sur ces soi-disant critiques bien connus (et dont vous faites la liste), mais ils étaient, avouaient-ils, bien obligé de les « rincer » comme disait vulgairement l’un d’eux (deux étoiles M)… le genre P*** ou C*** qui débarque avec sa femme et un couple d’amis et qui bouffe comme quatre sans payer… heureusement, aujourd’hui les gens se détournent de ces stipendiés gras et malhonnêtes… »
Mais ne va pas assez loin, à quand une véritable enquête pour la purification de ce métier.
Pour l’essentiel, c’est du trafic d’Influence, de la publicité déguisée, du travail au noir bien rémunéré (Bonjour la Fraude Fiscale)
Merci Messieurs P…., C…… d’avoir détruit et pourri se métier
La Presse ne se relèvera qu’au prix d une critique jeune et pas encore corrompue !
Il y a urgence le vers est dans le Fruit
C’est à la Presse (Papier et Web) de se lancer dans cette grande opération de purification, la crédibilité est à ce prix !
Jean BENOIT
07. août, 2017
Vieux journaliste – et donc retraité – j’ai été navré de constater que feu mon ex-confrère Christian Guy, ancien chroniqueur gastronomique de l’Aurore, ne bénéficiait que de citations de son nom dans Google ou wikipedia, mais jamais d’un site dans lequel pourraient être cités les nombreux ouvrages qu’il a écrits.
J. B.