Tout ce qui marche aujourd’hui à l’étranger est né en France : les légumes – Passard – la cuisine émotive – Gagnaire - la cueillette – Bras - la sauce – Alléno -
02 fév 2015
Catégorie : Chefs, Non classé, Presse & Médias
Gastrodiplomatie, contraction des mots – Gastronomie & Diplomatie – c’est le thème de l’article du Nouvel Observateur, qui explique comment la gastronomie française est devenue un élément fort et un atout de notre pays, de sa diplomatie, de sa stratégie de reconquête d’une image positive, d’une valorisation d’un savoir-faire typiquement français.
Laurent Fabius, Ministre des Affaires Culinaires
Le ministre des Affaires étrangères dévoile ce lundi le palmarès 2015 du Guide Michelin au Quai D’Orsay, car la diplomatie, pour lui, se poursuit jusque dans l’assiette.
Le France deuxième marché pour Mc Donald’s
» Y a-t-il quelqu’un pour sauver la gastronomie française ? » C’est le titre d’un article paru sur le site du « New York Times » en mars dernier. L’auteur, Michael Steinberger, revenait sur l’étude polémique du fait maison, qui avait dévoilé que 70% des restaurants français proposaient en fait des plats tout préparés. Pour remuer le couteau dans la plaie, il ironisait : » La vraie nouveauté, c’est que tout le monde a été surpris » dans un pays qui est devenu le deuxième marché pour McDonald’s, et dans lequel la tradition alimentaire est devenue atone et « prévisible ».
En juin, c’est « Newsweek » qui en remettait une couche avec un papier titré : » Le problème avec les restaurants français « . Au cours d’un séjour en France, son auteur, Nicholas Farrell, avait pris conscience du fait qu’on n’était plus capables de servir une cuisine digne de ce nom, que le service était déplorable, et, cerise sur le gâteau, que les additions étaient « indécentes ». Acide, le journaliste du magazine américain ajoutait que « naturellement » aucun restaurant français ne figurait dans le top ten du « prestigieux » classement des World’s 50 Best Restaurants.
Le repas mondial se fait sans la France
La gastronomie, autrefois socle de notre fierté nationale, n’est plus reconnue à l’étranger et le classement du magazine « Restaurant » est là pour nous le rappeler chaque année. Seulement cinq adresses françaises y figurent en 2014. Le grand repas mondial se fait sans nous. Et l’empressement de la France à faire entrer son « repas à la française » au patrimoine culturel de l’Unesco enfonce un peu plus l’Hexagone dans une posture compassée.
Depuis quelques années, dans ces classements, la France a vu d’autres pays lui passer devant, avec un avantage certain en termes de communication. Dans les années 2000, le chantre de la cuisine moléculaire, Ferran Adriá, porte, le premier, un coup décisif à l’hégémonie française.
» Derrière lui, l’ensemble de la cuisine espagnole a été dopée, par un soutien collectif national, qui associait médias et pouvoirs publics. »
» Depuis 15 ans, elle n’a pas réussi à épouser les évolutions en marche. Là où Paul Bocuse avait innové en son temps en personnalisant la figure du chef par la veste blanche, les nouveaux n’ont pas su utiliser la vitrine du web. »
Guerre culinaire mondiale
Bénédict Beaugé, historien, souligne également le redoutable sens du marketing qui anime les nouveaux pays gastronomes :
» Il a fallu le label américain locavore pour que les foodistas s’en emparent, alors que les marchés parisiens ont tous plusieurs authentiques maraîchers d’Ile-de-France. »
Réfutant le terme excessif de bashing, Yannick Alléno préfère parler de » nouvelle concurrence. Hier on prenait la voiture pour aller dans un trois-étoiles, aujourd’hui, on saute dans un avion « .
Mais pour ces grands chefs français, pas question de baisser les bras. Anne-Sophie Pic, triplement étoilée, est de ceux-là : « Le grand public découvre de nouveaux horizons culinaires et on a parfois le sentiment qu’il se détourne de notre patrimoine gastronomique, mais il faut rester positif et fier de nos solides racines ».
Le chef de Ledoyen va plus loin : » Tout ce qui marche aujourd’hui à l’étranger est né en France, les légumes c’est Passard ; la cuisine émotive, c’est Gagnaire ; la cueillette, c’est Bras ; la sauce, c’est Alléno ».
Injuste, peut-être, cette nouvelle course à la visibilité n’en est pas moins réelle : « Il s’agit d’une guerre où chaque pays cherche à occuper la première place parce que derrière, les enjeux économiques sont importants », ajoute Beaugé, qui s’amuse de la suprématie nordique actuelle, « qui, il y a 15 ans à peine, à part les amateurs de “smørrebrød”, pouvait imaginer que Copenhague deviendrait la dernière destination gastronomique ? »
La guerre est déclarée, puisqu’aux quatre coins de la planète, de Dubaï à Tokyo en passant par Buenos Aires, chaque pays fait la promotion de sa « food week ».
Gastrodiplomatie
Il fallait un ministre des Affaires étrangères pour défendre le territoire et aller planter le drapeau tricolore au-delà de nos frontières. Laurent Fabius a répondu présent. Au terme d’un bras de fer rondement mené, il a par un tour de passe-passe soustrait le commerce extérieur à l’ex-ministre de l’Economie Arnaud Montebourg, avec dans la corbeille, la promotion de la gastronomie, deuxième activité la plus excédentaire derrière l’aéronautique.
Au passage, le locataire du Quai-d’Orsay a inventé un nouveau concept : la « gastrodiplomatie ». Confié à l’ambassadeur de France Philippe Faure, le plan de bataille, défini dans un rapport remis en décembre, promet « de diffuser la qualité française jusqu’à la dernière baraque à frites ».
Argent, nerf de la guerre
Les chefs Alain Ducasse, Guy Martin et Guy Savoy seront ses chefs d’escadron. La prime aux anciens. « Une approche générationnelle qui passe sous silence l’émergence de jeunes chefs comme Inaki Aizpitarte ou Grébaut ».
En dehors des projets festifs comme cette journée Goût de France, célébrée le 19 mars prochain, par 1.250 chefs sur les cinq continents, une réflexion est engagée à la fois sur le poids des charges, « 450.000 euros par mois pour 80 personnes chez Ledoyen », et les difficultés administratives qui pèsent sur les stagiaires étrangers qui « sont pourtant les ambassadeurs de notre gastronomie » comme le remarque assez justement Alain Ducasse.
Mais cette guerre sera-t-elle financée ? Alain Ducasse se dit confiant : « La question du budget, nous n’y sommes pas encore, mais j’ai bon espoir ». Il ajoute avoir glissé à Fabius que l’Espagne avait déjà accordé 7 millions d’euros pour son seul centre de formation, le Basque Culinary Center Fundazioa.
L’ambassadeur reconnaît : Nous pensions être le centre de l’univers en matière de gastronomie, que ça allait de soi, mais aujourd’hui, nous prenons quelques claques méritées. »
Un réalisme qui est déjà un bon début.
funambuline
02. fév, 2015
La France et Laurent Fabius inventent la Gastrodiplomatie ? Laissez-moi rire ! Là encore vous avez plusieurs trains de retard… le mot existe depuis 2002, c’est même devenu une discipline universitaire dans plusieurs pays.
Après un virage numérique raté, la France continue à se regarder le nombril, dommage, s’inspirer des autres n’est pourtant pas une tare, au contraire, regardez donc tous les pays dont la gastronomie monte autour de vous !
jacques
02. fév, 2015
L’existence du mot finalement on s’en fout …. et même contre-fout …
Depuis 50 ans les politiques ne s’intéressent pas à la gastronomie, des premiers gouvernements de Mitterrand, Chirac et Sarkozy, les promesses ont rendue les chefs heureux… mais jamais rien ne s’est passé …
Le train de retard, ce sont nos gouvernants qui les ont de retard…
Effectivement les autres pays s’occupent de la gastronomie depuis au moins 15 ans ….. comme pour l’Espagne par exemple, ils avaient compris que c’était un atout pour leur pays !
Alors, si aujourd’hui le Ministre Fabius s’en occupe, on va pas se plaindre … tout ça bien sûr sans aucun engagement … que se soit de gauche ou de droite … le problème est pas là …
The Blog
Danielle
03. fév, 2015
Tout est dit Jacques, il y a ceux qui disent et ceux qui font, ma préférence va au faiseur, surtout quand il se taisent, le temps leur donne raison, la reconnaissance il s’en fiche, il continue avec ou sans la bénédiction des politiques, le partage, d’idée de sentiment d’émotion autour de la gastronomie n’est pas l’apanage des français, heu? non..quoique….
la gastrodiplomatie (beurk!) pas beau le mot! ça donne mal au ventre!
Danielle
Danielle
03. fév, 2015
à propos en me relisant je vois que j’ai oublié les pluriels : les s les x même les ent.. c’est tout moi….
sorry!
Far Too Long. | Culinary Diplomacy
09. fév, 2015
[…] too! Great to see the chatter over Twitter, students contacting me from around the world, and news being published regularly about this fascinating and hot topic. Oh, and it even came under fire on […]