Pour – Ticket for Change – Thierry Marx : « Avec ou sans diplôme, il faut oser avoir un projet »
30 août 2014
Catégorie : Actualité Chefs & Restaurant, Chefs, Presse & Médias
C’est sur le Figaro Étudiant que le chef Thierry Marx parrain de Ticket for Change tire un constat plutôt positif d’une France où il n’est pas plus compliqué d’entreprendre qu’ailleurs explique t’il. Faire rêver, donner l’envie de s’engager, décider de sa route, et se dire que rien n’est insurmontable … c’est un peu sa recette du succès …
Ticket for Change est un tour de France insolite emmenant 50 jeunes à la rencontre de personnalités inspirantes pour susciter des vocations d’entrepreneurs sociaux. Pendant 10 jours, ces 50 jeunes sillonneront la France à la rencontre de pionniers, sensés faire germer en eux une volonté d’agir, une graine de changement. Jean-Paul Delevoye, président du conseil économique, social et environnemental et Arnaud de Ménibus, president d’Entreprendre & +, partenaire fondateur de Ticket for Change et parrains de choix martèlent un message d’optimisme « l’important c’est de ne jamais sous-estimer la capacité d’un petit groupe à changer le monde ».
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Thierry Marx : « Avec ou sans diplôme, il faut oser avoir un projet »
INTERVIEW- Le Chef de renom doublement étoilé et socialement engagé est le parrain de Ticket for Change, ce tour de France insolite voulant faire des jeunes sélectionnés des « acteurs du changement » via l’entrepreneuriat social.
LE FIGARO – Qu’est ce qui vous a convaincu de soutenir ce projet?
Thierry Marx – Le devoir. C’est notre devoir d’essayer d’encourager les jeunes, de montrer que rien n’est définitif ou acquis et que croire en ses projets permet de déplacer des montagnes! Cette jeunesse va réinventer la France, contribuer à l’épanouissement de notre pays. On a l’impression que la France est en panne, mais ce n’est pas le cas. Et on a besoin d’entreprendre pour faire bouger les choses.
En quoi ces 10 jours peuvent changer la donne et, justement, donner aux jeunes l’envie et les moyens d’entreprendre?
Entreprendre, ça commence par croire en soi. Le statut d’entrepreneur ne se matérialise pas, choisir une filière au lycée ou de faire un CAP c’est déjà un projet, une posture. Mais il faut un déclic à un moment donné, et en rencontrant un maximum de gens, ces jeunes peuvent l’avoir. Ça peut aussi leur permettre de parler de leurs rêves, ce qui est essentiel ! Il faut se demander pourquoi on fait les choses, pas comment. Il faut aussi savoir arrêter de se poser des questions à un moment donné, sortir de sa zone de confort et se lancer. Épanouissement personnel et professionnel vont de pair. Je me lève le matin parce que j’ai du plaisir à retrouver mes collaborateurs, mon entreprise.
Est-ce qu’on peut se lancer dès le départ dans l’entreprendrait social ?
L’entreprise doit être sociale. Ça ne veut pas dire se lamenter sur le sort de chacun, mais réfléchir à la façon dont on travaille, à ce qu’on fait des profits. L’entreprise doit être une communauté d’hommes et de femmes qui réussissent ensemble. C’est comme ça qu’on arrivera à tout remettre dans le bon sens. Mais, évidemment, ce questionnement vient aussi parfois au fil du temps. Dans tous les cas, il ne faut pas faire de l’argent une priorité. C’est un mauvais maître, mais un bon serviteur… Quand j’en ai fait la priorité, cela n’a pas marché. Mais évidemment, il en faut pour se développer et c’est utile !
Qu’est ce qui manque aujourd’hui pour pousser les jeunes à se lancer?
Il y a trop de pessimisme. Je suis moi-même passé par là, je l’ai vécu. Quand j’ai créé cuisine mode d’emploi, on m’a dit «ça ne marchera jamais», aujourd’hui 90 % des personnes passées par nos centres sont en CDI, et le monde politique, qui n’y croyait pas au départ, nous suit. Il faut arrêter de dire «ça ne marchera pas», arrêter de leur foutre la trouille ! On ne parle jamais de ce qui va bien, toujours de ce qui bloque. La jeunesse attend qu’on lui dise «allez-y», «il n’y a pas plus de chance pour que cela échoue que pour que cela fonctionne»! Il faut leur permettre de rêver, et de s’engager.
Est-ce facile en France?
Il faut croire en soi, mais aussi en ce que la France peut représenter. Ce n’est pas un pays de contraintes ! Ce n’est pas plus simple à l’étranger, où les avantages sont associés à d’autres contraintes. C’est déprimant d’entendre en permanence qu’on est le pays le plus pourri de la planète, alors qu’on a beaucoup de chance. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas partir à un moment donné, pour mieux revenir, ou qu’il n’y a pas de problèmes. Il y a des blocages, et au niveau du droit du travail par exemple, il y aurait beaucoup de choses à simplifier pour favoriser l’esprit d’entreprendre…
Ticket for Change se veut un «activateur de talents». Est-ce que, dans le monde de la cuisine, on sait repérer les talents?
Dans la cuisine, on commence tôt, et si on a la juste maîtrise du geste, de la cuisson, on réussit. Beaucoup de jeunes chefs ouvrent leur restaurant avant leurs 30 ans. Mais ce n’est pas différent pour les diplômés ! On peut être passionné par la politique, par le service de l’État… Le tout, c’est de savoir pourquoi on fait les choses, et c’est une question que l’on se pose peut être moins en suivant une voie prestigieuse. Diplômes ne veut pas dire employabilité : avec ou sans diplôme, il faut oser, avoir un projet. C’est ce projet qui vous fait suivre la bonne route. Pour illustrer cela, dans les quartiers, j’ai l’habitude de prendre l’image d’un taxi. Si vous montez dans un taxi, si vous ne savez pas où vous voulez aller, ça va vous coûter très cher… Pas forcément pour toute votre vie, mais pour les 6 mois, 2 ans à venir, il faut savoir où l’on veut aller…
Et la peur, dans tout ça?
Bien sûr, ce n’est pas toujours facile ! Encore aujourd’hui, quand je monte un nouveau projet, la peur est là. C’est aussi une question de milieu, on garde toute sa vie une trace de son extraction sociale. C’est normal d’avoir peur, c’est aussi cela l’excitation d’entreprendre. Il y a des freins, des obstacles, mais rien d’insurmontable. C’est aussi pour cela qu’il faut partager les bonnes et les mauvaises expériences, elles sont toutes bénéfiques. Il faut faire des handicaps des forces pour entreprendre, et ne pas oublier que chaque citoyen a sa part de responsabilité. C’est à l’État de faire en sorte que personne ne puisse dire «je n’ai pas eu ma chance», mais c’est ensuite à chacun de savoir saisir les opportunités qui se présentent.