Hôtellerie : Ainsi est né l’Ultraluxe
21 jan 2014
Catégorie : Bonnes adresses, Chefs, Presse & Médias, Tendances
Ainsi est né l’ultraluxe. On connaissait le luxe, celui des Grands Palaces, celui des hôtels au Moyen-Orient, celui des grandes chaînes hôtelières d’Asie, celui du Palais Namaskar à Marrakech ou des Airelles à Courchevel… Mais là on a encore franchi un pas dans les Maldives sous la houlette de l’industriel du luxe Bernard Arnault PDG du Groupe LVMH. On peut se réjouir, c’est un Français qui en est encore à l’origine, les concepteurs sont allés au bout de ce que l’on peut amener en service et en raffinement pour un établissement de grande classe. Rien n’a été laissé au hasard…
Suivez la visite grâce au magazine Challenge.fr
Après Cheval Blanc Courchevel, voici l’hôtel ultraluxe de LVMH aux Maldives
Le succès du palace Cheval Blanc Courchevel, inauguré en 2006, a donné envie à Bernard Arnault de décliner le concept en chaîne d’hôtels. Le deuxième vient d’ouvrir aux Maldives. Visite guidée.
A l’aéroport de Malé aux Maldives, l’hydravion jaune attend les clients de l’hôtel Cheval Blanc Randheli, ouvert le 15 novembre. Juste le temps d’enfiler des espadrilles siglées, évidemment à la bonne pointure, de se rafraîchir avec quelques gouttes d’eau parfumée Island Chic, spécialement fabriquée pour l’hôtel, et, au bout d’une quarantaine de minutes, l’île de Randheli, dans l’atoll de Noonu, est en vue. Arch, une œuvre monumentale en cuivre de l’artiste Vincent Beaurin, accueille les quelques privilégiés qui vont séjourner dans l’une des 45 villas où patiente un majordome personnel. Nul doute qu’il a pris soin de réserver un soin anti-jet lag, une délicate attention offerte au spa Guerlain, pour leur faire oublier la fatigue du voyage.
Du superluxe ? Le mot ne plaît pas à Olivier Lefebvre, directeur des activités hôtelières de LVMH, filiale créée en avril 2010. « Notre concept est fondé sur l’hyperpersonnalisation, corrige-t-il. Nos hôtels comportent peu de chambres, ce qui permet à l’ensemble des employés de personnaliser au maximum le service apporté à chaque client. » Un client à qui l’on a demandé avant le départ ses goûts et désirs pour parfaire le sur-mesure : menu d’oreillers, taille du peignoir, sports pratiqués…
9.000 euros la semaine
Patiemment, LVMH Hotel Management tisse sa toile. Fin 2006, Bernard Arnault inaugure à Courchevel son premier Cheval Blanc, du nom du célèbre grand cru bordelais dont il est propriétaire. Un écrin d’élégance lové au pied des pistes. Depuis, l’objectif du PDG de LVMH est resté inchangé : décliner la marque sans la dupliquer. Créer, d’un bout à l’autre de la planète, de préférence dans des lieux idylliques, les plus beaux hôtels susceptibles de satisfaire des clients fortunés et exigeants. La semaine aux Maldives ? Il faut compter au minimum 9.000 euros par personne (vol en classe économique, transferts, sept nuits avec petit déjeuner) sur le catalogue Kuoni Emotions. Mais l’addition monte vite si on voyage en première ou qu’on ajoute les dîners. Parmi les premières réservations, un couple a acheté une semaine à Randheli pour 37 000 euros.
Synergies des marques
Nouveau venu dans l’hôtellerie haut de gamme, LVMH Hotel Management complète la stratégie du leader mondial du luxe. Selon une étude de McKinsey, le tourisme est le deuxième poste de dépenses des très riches, derrière l’art. « La marque bénéficie du savoir-faire de l’ensemble des maisons du groupe en matière d’immobilier et de connaissance de la clientèle, remarque Olivier Lefebvre. Grâce à LVMH, le retentissement des ouvertures d’hôtels Cheval Blanc est mondial. »
Pas question pour cette filiale d’être systématiquement propriétaire, comme à Courchevel, le futur hôtel de la Samaritaine à Paris, ou l’Isle de France à Saint-Barthélemy, racheté l’été dernier. Le modèle privilégié est le contrat de gestion, qui exige peu d’immobilisation de capitaux mais permet un contrôle complet du produit. Ainsi, c’est parce qu’il avait aimé son séjour au Cheval Blanc Courchevel qu’un homme d’affaires européen a voulu un Cheval Blanc sur son île des Maldives. Ces jours-ci, Olivier Lefebvre rencontre un industriel malaisien : pour signer un nouveau projet ?
« Peu importent les dépassements de budget… »
Le succès de ce mariage à deux dépend d’un troisième intervenant, l’architecte. A Randheli, le choix s’est porté sur Jean-Michel Gathy, une star dans l’hôtellerie de luxe, auteur du Marina Sands à Singapour, du Chedi Muscat à Oman et de nombreux Aman Resorts. « Près de trois ans ont été nécessaires pour faire aboutir le projet, se souvient-il. Mais le résultat est là : l’art de vivre à la française traduit en architecture. »Peu importent les dépassements de budget… et les quelques fautes de goût, comme ces lustres d’inspiration Versailles dans le restaurant gastronomique, le 1947 : « La décoration y est à refaire », concède-t-on du bout des lèvres.
La restauration et les services sont, en revanche, irréprochables. Même si la carte n’est pas signée du chef doublement étoilé Yannick Alléno – qui officie à Courchevel –, Laurent Chancel orchestre les cinq restaurants en jonglant avec des approvisionnements venant de Rungis, d’Australie ou de Dubai. « On dîne aussi bien que dans un 3-étoiles parisien », s’étonne un des premiers clients, qui avoue avoir beaucoup apprécié les mignardises et autres douceurs régulièrement déposées dans sa chambre. « Jamais je n’ai vu un hôtel aussi abouti dès ses premiers jours », s’enthousiasme Matthieu Mariotti, chef de produit à Kuoni Emotions.
Distribution restreinte
A clientèle élitiste, distribution exclusive. Si la majorité des ventes se fait en direct, en France, seuls deux tour-opérateurs peuvent commercialiser Cheval Blanc Randheli. « LVMH Hotel Management a choisi Kuoni Emotions sans que nous ayons notre mot à dire », reconnaît Emmanuel Foiry, président de Kuoni France. Quant à l’autre élu, Voyageurs du monde, il estime « boucler entre 50 et 100 dossiers cette année », selon Jean-François Rial, son président. Pour les dirigeants de Cheval Blanc, le taux d’occupation visé se situe autour de 80%. La rentabilité devrait être rapidement assurée. « Tout hôtel doit être bénéficiaire, assurent-ils. Car il nous faut de l’argent pour rester au top. »
L’ex-Samaritaine en 2016
Objectif de LVMH : développer une chaîne. Au Mexique ? Deux projets, prévus depuis longtemps, ont échoué. Celui d’Assouan en Egypte, avec le groupe Orascom, est retardé sine die pour cause d’instabilité politique. Au sultanat d’Oman, les travaux sur l’île d’Al Sodah ont été arrêtés à un an et demi de la livraison. Les 32 villas prévues étaient proches de la frontière du Yémen, trop risquée. Un autre Cheval Blanc est à l’étude, cette fois près de Mascate, la capitale. En attendant, les travaux de l’hôtel parisien, dans l’ancien grand magasin de la Samaritaine, vont commencer ce printemps. Ses 72 chambres et suites, avec vue sur la Seine, recevront leurs premiers clients en 2016.