Tokyo – Ces fruits comme des bijoux….
03 oct 2013
Catégorie : Pour le Fun, Produits Saison marché
Acheter des fruits de luxe à Tokyo : de la passion et beaucoup de yens!
Au rayon fruit de certains grands magasins et épiceries fines à Tokyo, l’étranger qui débarque peut se demander s’il ne s’est pas trompé et n’est pasentré par erreur dans une bijouterie. Raisins, pommes, poires, pêches, abricots sont présentés comme des produits de luxe, les formes doivent être parfaites, on ne les vend pas au kilo, mais à l’unité, une pomme, une grappe de raisin noir, un melon.
Pommes, pêches ou poires sont emmaillotées d’une résille de mousseline blanche pour éviter le moindre choc qui pourrait les abîmer, petite mousseline de protection, fine boîte de plastique transparent, rien n’est trop beau. Les grappes de raisin sont vendues à l’unité, les cerises sont présentées en toutes petites quantités – parfois à peine une dizaine, dans des coffrets, toutes alignées, la queue dans le même sens.
Dernièrement, une seule grappe de raisin «Ruby Roman», une variété originaire de la préfecture d’Ishikawa (centre-ouest du Japon ) s’est vendue 400 000 yen, soit environ 4 176 dollars. Chaque mois de mai se déroule une vente aux enchères aux prix délirants pour deux melons parfaitement rond et sans le moindre défaut de la région d’Hokkaido, la grande île du nord du Japon. Cette année la paire, présentée dans des boîtes en bois comme des grands crus de Bordeaux, a été adjugée à 1,6 million de yen, près de 17 000 dollars !
Les Japonais ne regardent pas à la dépense pour offrir des fruits, un cadeau très estimé. Ces petits cadeaux sont essentiels au lien social. Il faut que les produits soient exceptionnels, et surtout délicieux au goût. Cultivés dans des serres contrôlées par ordinateur, ces précieux melons cantaloup poussent dans la région de Shizuoka, au sud de Tokyo. La pollinisation se fait à la main, on ne laisse qu’un melon par plant pour qu’il puisse croître et embellir à l’aise. Pour des fruits extraordinaires, le prix s’oublie, la qualité reste.
À Tokyo on trouve tout de même du raisin «Ruby Roman» à 31 500 yen la grappe, soit environ 327 dollars, d’énormes pêches blanches parfaitement rondes et juteuses à 2 625 yen (28 dollars), ou des grappes de raisins muscat d’Alexandrie à 7 350 yen (77 dollars). Mais aussi le roi des fruits-cadeaux : le melon cantaloup, impeccablement sphérique, la peau magnifiquement rayée sans le moindre accro à 15 750 yen (164 dollars).
Bien sûr, tout le monde n’achète pas ces onéreux fruits. Pour la consommation courante, on se rabat vers le supermarché du quartier, mais l’affection et/ou l’estime se mesurent au prix que l’on met dans ces fruits à offrir à des parents, des collègues, voire son patron, à l’été ou à la fin de l’année.
Mais si vous recevez une boîte de cerises à 4 000 yen, en échange vous offrirait 5 000 yen de mangues joliment disposées, le Japon fonctionne ainsi.