Les livres de cuisine nous en disent beaucoup sur le développement économique des pays
20 juil 2013
Catégorie : Presse & Médias, Tendances
Les livres de cuisine nous en disent beaucoup sur le développement économique des pays.
Et si le livre de cuisine au contraire de ce que l’on peut penser était le reflet d’un monde en mouvement ?
L’évolution de la production des livres de cuisine nous dit quand nous avons atteint un certain stade de post-modernisme, ce qui nous permet d’analyser le développement économique des pays dans lesquels nous vivons.
C’est bien connu, les livres de cuisine sauvent les recettes du passé qui seraient autrement perdues dans la course effrénée à la modernité. Mais aujourd’hui ces recettes traditionnelles demandant trop de temps à être réalisées sont tout de mêmes oubliées pour laisser place à une cuisine plus actuelle.
Alors même que nous sommes entrés au niveau mondial dans l’ère des produits standardisées et commercialisés, une sorte de mondialisation inconsciente pour les consommateurs s’installe. Lorsque l’on achète un livre de cuisine, si il n’est pas catégoriquement de cuisine locale ou nationale et si nous suivons les recettes, nous allons forcément rechercher des produits pas communs, dans tout les cas des produits qui ne font pas partie de notre production nationale. L’avènement de la cuisine asiatique au niveau mondial à d’un seul coup changé le mode de consommation, tellement qu’une mixité de cuisine c’est produite à nous faire presque en perdre notre latin.
Il est donc maintenant possible de cuisiner des plats du monde entier depuis sa cuisine grâce aux livres de cuisines, c’est finalement une révolution économique et politique fondamentale mais cela est aussi la preuve d’une globalisation et d’une mondialisation galopante.
C’est quand les livres de cuisine cessent d’être utiles à tous et surtout en cuisine, et qu’ils deviennent des œuvres d’arts, ou qu’ils se résument à de l’inutile que nous pouvons considérer que nous avons atteint un niveau de vie supérieur.
Prenons par exemple les livres de cuisine de Ferran Adrià le célèbre chef de El Bulli à Rosas en Espagne. Ses livres traduisent ses propres rêves culinaires, celui d’un artiste, ses recettes sont si brillantes techniquement qu’elles en sont irréalisables par le commun des mortels. Mais cela demeure très chic d’en posséder un dans sa bibliothèque, surtout si il est dédicacé et révèle une visite sur place le temps où le restaurant était ouvert. Des milliers de chefs cuisiniers les ont dans leurs cuisines, ils y trouvent leurs inspirations.
Quant à Nathan Myhrvold, ses dernières fantaisies gastronomiques ont donnés naissance à un livre de recettes en six volumes – Modernist Cuisine - sorti en 2011 pour plusieurs billets de 100 euros sa collection vous amène dans le monde » du sert à rien ». Luxe ultime, jolie effet, photos soignées, habillage chic, mais aussi utile dans une cuisine qu’une Ferrari. Les chefs s’y sont rués dessus et ont permis à l’auteur de se faire une petite fortune.
Ce sont deux exemples qui nous montrent comment notre monde évolue, depuis nos vieux livres de grands-mères qui de génération en génération assuraient la transmission culinaire, nous avons maintenant face à nous des livres qui partent vers d’autres horizons. Des livres qui sont devenus des consommables mais qui ne traverseront pas les décennies.
Trés valorisant pour l’égo des chefs également, les livres de cuisines sans recette, ceux-ci expliquent avec une certaine philosophie leur cuisine, ils décrivent leurs visions actuelle de la gastronomie sans vraiment apporter de choses fondamentales … c’est une nourriture de l’esprit, mais qui ne nourrie pas l’estomac, loin de là.
Très en vogue en ce moment – les livres objets – souvent orientés vers un seul et même thème, ils jouent sur le côté ludique y incluant un ustensile, plus que sur le contenue. Ils ont en général un design marquant totalement » marketing » loin d’un livre traditionnel, ils sont très attachés à aller au-delà l’attachement aux recettes qui passent en second plans.
Si nous prenons les livres de cuisine plutôt dans la catégorie pratique qu’ils sont le plus populaires – ils sont plus abordables techniquement et peuvent se révéler être de bons outils de promotions pour les pays et les régions, et donc un atout économique. Ce sont des livres que l’on ouvre dans une cuisine de maison, qui aident à bien cuisiner et qui permettent sans trop de complication de réaliser des plats plaisirs. Le retour donc du terroir sous la plume des chefs même les plus créatifs, une tendance déclinée des restaurants eux-mêmes.
jean-louis
20. juil, 2013
Bonjour,
vous rendez bien compte de l’intérêt culturel et économique du livre..
Comme tout le monde, j’ai aussi souscrit à cette manie.depuis une trentaine d’années.
bien sûr, les blogs de cuisine ont remplacé assez facilement les livres, mais je reste tout de même très attaché à ces derniers.
j’ai autant de bonheur, à feuilleter les plus anciens que les plus récents, une façon d’étudier l’évolution.
Effectivement la mondialisation et les moyens de communication logistiques ont changé la donne. Le plus surprenant est d’ailleurs, la difficulté à trouver les produits basiques? Je me souviens du saumon à l’oseille des Troigros, où je ne me posais même pas la question, de la qualité du produit, il était bon, point.
l’évolution s’est faite également dans les recettes, et notamment dans la vocation à marier des produits. Faire un tronçon de cabillaud avec une purée de fèves et de la ventrèche, m’aurait fait passer pour un fou, il y a une dizaine d’années. Là on peut remercier les chefs, d’avoir innover. Mais j’aime tout autant cuisiner un vrai cassoulet avec des tarbais etc ou un simple aligot. On prend du plaisir dans toutes les cuisines.
Par contre les deux livres que vous citez Adria er Modern, sont plus dans la lignée de la dictature du paraitre, un peu comme une de mes amies, qui s’est offert une magnifique cuisine pour un minimum de 50.000 €, qui commande toujours chez le traiteur quand elle me reçoit.
Ah, j’aimerai mieux qu’elle loupe ses plats mais qu’elle y mette du coeur.
Reste un dernier point, pour lequel aucun livre de cuisine donc aucun cuisinier ne fait assez d’efforts, mentionner de ne jamais acheter en grande distribution, ces empoisonneurs de notre société. Et également de préciser que la plupart des photos des livres de cuisine sont retouchées voire même photographier sans cuisson, exemple les lentilles corail.
Bon week-end.
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