La scène culinaire créative de demain regarde vers l’Amérique du sud
27 mai 2013
Catégorie : Chefs, Presse & Médias
L’arrivée de l’Amérique latine au sommet des classements gastronomiques « n’est qu’une question de temps », estiment ensemble l’espagnol Jordi Roca et le danois René Redzepi, chefs des deux meilleurs restaurants du monde selon la revue anglaise « Restaurant ».
Impressionnés par l’essor qu’a connu la cuisine de la région au cours des dernières années, Roca (« El Celler de Can Roca » à Girone), et Redzepi (« Noma » à Copenhague) ne doutent pas d’une prochaine reconnaissance mondiale.
« L’Amérique latine est peut-être aujourd’hui la région qui a le plus progressé en cuisine d’avant-garde. Je crois que son arrivée au top n’est qu’une question de temps parce que, pour moi, elle est déjà au même niveau qu’en Europe », dit à l’AFP Jordi Roca qui, avec ses deux frères aînés Joan et Josep, offre la meilleure table du monde selon le classement 2013 de « Restaurant ».
Pour ce maître pâtissier, le Mexique, le Brésil et le Pérou sont les pays qui impulsent l’avancée gastronomique d’une région où la « cuisine populaire est très enracinée et très variée ». Elle combine selon lui histoire, tradition et saveurs autochtones avec créativité et techniques d’avant-garde.
Au-delà des tacos mexicains, des feijoadas brésiliennes ou des ceviches péruviens, les cuisiniers d’Amérique latine savent mettre en valeur leurs saveurs et chaleurs distinctives comme la coriandre, les acides ou le piment pour proposer une cuisine « d’avant-garde, créative et très rayonnante », souligne le Catalan, interviewé en marge de la rencontre gastronomique « Mesamérica 2013″ tenue cette semaine à Mexico.
Six latino-américains parmi les 50 meilleurs
L’Amérique latine compte actuellement six chefs dans la liste des « 50 meilleurs restaurants du monde » selon » Restaurant Magazine « , dont le brésilien Alex Atala en tête de la région, au sixième rang avec le « D.O.M. » de Sao Paulo.
Suivent le péruvien « Astrid et Gaston » (14e), les mexicains « Pujol » (17e) et « Biko » (31e), le brésilien « Mani » (46e) et le péruvien « Central » (50e).
« Aujourd’hui nous devons nous sentir grands et savoir que nous ne sommes plus des canards boîteux. Je crois que nous vivons un moment historique, un processus de changement », a dit Atala, lors de Mesamerica, qui a réuni à Mexico les six cuisiniers considérés comme les meilleurs du monde par « Restaurant ».
La participation massive de chefs reconnus à des foires gastronomiques comme Mesamérica ou Mistura, au Pérou, « confirme que l’Amérique latine est une puissance mondiale », selon Roca.
Alors que le classemanet des 50 meilleurs restaurants du monde décidé de hisser « El Celler de Can Roca » au premier rang de la gastronomie mondiale, alors même si ce classement ne fait pas l’unanimité, il est un reflet des tendances culinaires et du futur de ce secteur économique important pour le tourisme mondial.
Le chef Juan Roca dit que son équipe a reçu la distinction « avec prudence, mais aussi beaucoup de reconnaissance », consciente que les classements sont « très capricieux et injustes ».
Et également « très criticables », selon Redzepi, qui a gardé le haut du podium en 2010, 2011, et 2012, et qui avait lui-même mis fin à quatre années de prééminence de l’aujourd’hui disparu « El Bulli », de l’espagnol Ferran Adria.
Le numéro un, c’est pour bientôt en Amérique du sud, » Mais ce qu’a réalisé la liste est de s’ouvrir au monde « , a souligné le chef danois lors d’une conférence de presse. « Aujourd’hui, il n’est pas interdit de penser que le meilleur restaurant peut être au Mexique, au Brésil, au Pérou ou au Danemark; il y a 10 ans, cela était totalement impossible », a-t-il estimé.
Le célèbre chef, qui a fait de son interprétation du « mole » mexicain un de ses plats vedettes, partage l’opinion de son collègue espagnol: c’est bientôt un restaurant latino-américain qui donnera le signal et arrachera la première place aux européens.
Pour illustrer sa conviction et sa passion pour la nouvelle vague de la cuisine en Amérique latine, Redzepi a avoué aux journalistes qu’il ne se souvenait pas avoir fait un repas « aussi bon » qu’au restaurant Pujol de Mexico. « Pour moi c’est un autre niveau », a-t-il dit.
Selon le Danois, « en Europe on peut parfois se faire une idée de la cuisine latino-américaine comme simple et bon marché. Mais il y a des restaurants beaucoup plus développés ici que bon nombre au Danemark ».