La mer réserve encore des trésors de nourritures inexploitées… le Berlingot de la mer vous connaissez ?
23 mai 2013
Catégorie : Produits Saison marché, Tendances
Fléau pour les pêcheurs, le berlingot de mer récolté en baie de Cancale, sur la Manche, serait au contraire une perle des fonds marins, pour la poignée d’industriels audacieux qui tentent de développer ce marché en vantant sa chair généreuse en goût et les usages agricoles de sa coquille.
Le Berlingot de la mer ou crépidule est un cadeau de la mer, car contrairement à beaucoup d’espèces marines, c’est une ressource disponible en abondance à l’état naturel et elle reste encore quasi inexploitée.
Cet illustre inconnu, capable d’accroître sa colonie de 10% par an, mérite bien son nom scientifique un peu coquin de « crepidula fornicata« . Formidable compétiteur sexuel, le berlingot a une capacité de reproduction qui le fait se compter par millions de tonnes en Bretagne. Il envahit progressivement les côtes de la Manche et de l’Atlantique. Habitués à squatter des fonds marins peu profonds, ces coquillages délogent les gisements d’huîtres et de Saint-Jacques, au grand dam des pêcheurs qui se désolent de voir leur filets remplis de ces « parasites ».
Parasite, pas forcément, car tout est bon dans ce coquillage, d’ailleurs il a concouru au Seafood 2013, le salon international de la pêche et des produits de la mer qui se tenait fin avril à Bruxelles. La coquille d’abord: composée à 95% de carbonate de calcium elle peut, après broyage, remplacer avantageusement le maërl (corail breton) dont l’arrêt de l’usage est programmé en 2013, et être utilisée comme engrais ou incorporée dans la nourriture des bovins et des volailles.
Sa chair ensuite: consommée crue, elle offre un goût iodé et « très marin »; légèrement cuite, elle dégage une subtile saveur de noisette ou de champignon, un potentiel gustatif qui a déjà séduit les grands noms de la gastronomie bretonne et nationale.
Si le berlingot de mer est déjà apprécié des gourmets et des gastronomes, il tente maintenant de séduire le grand public de France et d’ailleurs. Cela suppose le passage à une exploitation industrielle du coquillage. Trois années de recherche ont été nécessaires pour qu’une PME bretonne parvienne à concevoir un système de décorticage à froid qui n’altère pas la chair.
Une usine pilote installée à Cancale (Ille-et-Vilaine) est capable de traiter 10 tonnes de coquillages par jour. L’objectif de 20 tonnes est en vue, mais pas encore atteint. Pour l’instant, les berlingots de mer sont commercialisés uniquement en direction des restaurants et quelques tonnes partent vers l’Angleterre, l’Allemagne et de l’Espagne.
Pas encore prêt pour les grandes et moyennes surfaces, mais c’est une prochaine cible, avec un prix compris entre 2 et 3 euros du kilo, le berlingot de mer pourrait rapidement trouver sa place dans les rayons des supermarchés tel quel ou transformé.
L’Asie reste un débouché économique important, le berlingot de mer a séduit les Japonais pour son « taste of délicious », cinquième saveur chère à leur palais qui, à côté des quatre fondamentales – sucré, salé, acide et amer – n’est autre que « l’umami « , le goût du « délicieux ». Le comité conchycole de Bretagne nord a fait l’acquisition en 2012 du premier navire crépidulier au monde.