L’Amérique du Sud, nouveau « Grenier du Monde « … mais …
18 mar 2013
Catégorie : Produits Saison marché
Au regard des enjeux de l’agriculture mondiale, l’Amérique du Sud reste le continent le plus prometteur en termes de production agricole. Le continent sera le seul capable de répondre à la hausse de la demande alimentaire dans les années à venir. D’autant que la demande par habitant devrait augmenter de 15% par an dans les huiles végétales, 9% pour la viande et 5% pour les céréales d’ici 2020. L’Argentine, le Brésil ou encore le Chili seront les principaux producteurs.
Alors que les classes moyennes des pays émergents se sont mises à table ces dernières années, être le premier producteur d’une matière agricole est devenu particulièrement rentable. C’est cette dynamique en particulier qui a enrichi les pays sud-américains, car de leadership agricole, le continent n’en manque pas, la demande des marchés mondiaux est en constante augmentation, ce qui pousse les prix vers le haut.
En ce qui concerne les produits tropicaux, le continent est parmi les premiers producteurs d’oranges (70%), de café (45%), de bananes ou encore de cannes à sucre. Plusieurs pays sont également leaders sur certains marchés de niche, comme les raisins de table ou les asperges pour le Pérou. Toutefois on ne devient pas une puissance régionale grâce aux asperges. La vraie puissance du continent, c’est la place qu’il occupe sur le marché du soja et du maïs.
L’émergence de l’Amérique du Sud en tant qu’exportateur de soja date des années 1970. En 1973 pour être précis, les Etats-Unis imposent un embargo sur leurs exportations de soja, suite à une sécheresse. L’Europe se tourne alors vers l’Amérique du Sud pour s’approvisionner. Depuis, les échanges n’ont cessé de d’intensifier.
En 2009, 52% des graines de soja dans le monde, un tiers du maïs, 40% de la viande bovine et aviaire proviennent d’Amérique du Sud. Terres fertiles, grandes étendues, techniques modernes de culture, environnement et climat favorable, main d’oeuvre nombreuse et pas chère, tout est réuni sur ce continent pour que l’agriculture soit active et efficace.
A partir des années 2000, le continent commence à diversifier ses productions. On n’en est pas à une montée en gamme de la production, mais cette politique permet de créer de nouveaux marchés, qui portent la croissance du continent. Ainsi l’Uruguay profite de l’envolée de la demande en produits forestiers, et le Chili de la demande en vin. Le Brésil occupe pour sa part le créneau très national des biocarburants, dont l’industrie commence à s’internationaliser à cette époque. Mais le grand changement de cette époque ne sont pas les quelques sarments de vignes chiliens, mais bien l’explosion de la demande chinoise.
En quelques années, les pays d’Amérique du Sud réorientent leurs exportations. En 2009, la Chine devient le premier partenaire commercial dans l’agriculture du Brésil, devant les Etats-Unis. A la même époque, l’Argentine exporte 50% de ses produits dérivés du soja vers l’empire du milieu.
De nombreux groupes français ont depuis bien longtemps anticipés leurs investissements en Amérique du Sud, des multinationales comme Louis Dreyfus spécialisé dans le négoce de matières premières possèdent 400 000 hectares au Brésil… Mais aussi Bolloré ou Charles Beigbeder Argentine, Brésil , Paraguay, Uruguay… sous couvert de fonds d’investissements, une nouvelle forme de spéculation à vu le jour, spéculation sur les terres, sur la production, sur les cours, sur la régulation de l’offre.
Ainsi, la place économique de l’Amérique du Sud est assurée dans les années à venir en espérant augmenter ses rendements. Mais cela implique de faire face aux problèmes actuels pour assurer au continent un avenir à l’agriculture, partage des terres et des richesses, déforestation, utilisation des pesticides, éviter les productions intensives, appauvrissement des terre, transport, infrastructures… tout cela représente un des challenges du siècle en cours.
nathalie
18. mar, 2013
Le challenge s’assombrit déjà.
Le prix du quinoa par exemple, en hausse constante par rapport à la demande en plein essor dans les pays riches, n’est plus abordable pour un bon nombre de boliviens. Le coût à presque triplé en cinq ans et la malnutrition chronique enfantine a augmentée dans ses zones de culture depuis son exportation. Les familles se replient sur le blé et le riz moins complets nutritionnellement.
Son exploitation locale, a des fins d’exportation, génère localement des tensions pour l’appropriation des parcelles cultivables et provoque déjà, dans son exploitation, une baisse de la fertilité des sols.
Oui, l’Amérique du Sud, nouveau « grenier du monde »…mais…