Vins : Faut de moins en moins compter sur le marché français pour écouler nos productions de vins
29 nov 2012
Catégorie : Tendances
Les Français boivent de moins en moins de vin.
La consommation de vin des Français a encore baissé au cours de ces cinq dernières années, puisque seuls 17 % d’entre eux en consomment encore régulièrement, selon la dernière étude quinquennale diffusée mardi par le ministère de l’Agriculture.
Parallèlement, le nombre de consommateurs dits « occasionnels » – buvant une à deux fois par semaine ou plus rarement – est passé à 45 %, contre 41 % en 2005, selon une étude effectuée en 2010 par FranceAgriMer, un établissement dépendant du ministère français de l’Agriculture, présentée à l’occasion du salon mondial des équipements viti-vinicoles Vinitech à Bordeaux. En revanche, le nombre de personnes déclarant ne rien boire est resté stable à 38 %. En moyenne, les Français boivent 57 litres par an en 2010, et par habitant, contre 160 en 1965, une baisse de la consommation que les chargés d’études de FranceAgriMer attribuent à la concomitance de plusieurs facteurs.
« Il y a certes une diminution de la consommation quotidienne mais elle se reporte sur une consommation occasionnelle tournée vers des vins de qualité », estime Bénédicte Trocard, viticultrice au sein des vignobles Roy-Trocard, dans la région de Bordeaux. Les chiffres sont « à nuancer ». Il y a notamment « une réelle modification des habitudes de consommation : les sodas et jus de fruits ont volontiers remplacé le vin sur les tables françaises », explique Caroline Plot, chargée d’analyse pour FranceAgriMer. Ainsi, en 1980, les boissons sans alcool, sans compter l’eau, n’étaient présentes que pour 5 % des repas, tandis qu’il y avait du vin à table une fois sur deux. Trente ans plus tard, les boissons non alcoolisées sont servies à l’occasion de 15 % des repas et le vin seulement une fois sur quatre (24 %).
« L’alcool en général et le vin en particulier est désormais plus volontiers consommé les week-ends, dans un cadre festif ou convivial », a également expliqué Philippe Janvier, chargé d’étude chez FranceAgriMer. Proportionnellement, cette érosion du nombre de consommateurs réguliers touche plus les hommes. Dans les années 80, 69 % d’entre eux se déclaraient consommateurs réguliers et ils ne sont désormais plus que 26 %. Côté femme, cette donnée est passée de 37 % dans les années 80, à 11 % en 2010.
Les consommateurs réguliers de plus en plus âgés : Un découpage par tranche d’âge met par ailleurs en évidence une évolution « générationnelle » : d’année en année, l’âge des consommateurs réguliers avance. La moitié d’entre eux (48 %) a 65 ans et plus, alors qu’au début des années 1980, les plus de 35 ans constituaient l’essentiel des consommateurs réguliers. Pour 2015, selon les projections de France AgriMer, le nombre de consommateurs réguliers de vins en France aura du mal à atteindre les 13 %. Pour autant, ce phénomène connu de la profession ne semble pas affoler les producteurs. Selon Bénédicte Trocard, par ailleurs formatrice à l’école du vin (Conseil Interprofessionnel des vins de Bordeaux), « cette tendance est connue de la profession », mais les chiffres « sont à nuancer. » Augmentation des ventes de productions AOC. Pour elle, « cette modification en profondeur des habitudes de consommation réoriente de fait la production vers une exigence encore plus forte, ce qui fait que qualitativement la production française monte en gamme. On constate d’ailleurs que les ventes de productions AOC augmentent malgré la crise. »
Le constat de la diminution régulière de la consommation de vin, les analystes le font dans tous les pays traditionnellement producteurs de vin. Une source de satisfaction cependant : le même indicateur progresse dans les pays traditionnellement non producteurs. Ainsi, quand un Britannique buvait en moyenne 5 litres de vin par an dans les années 1975, il en boit désormais 20. Les producteurs ont bien conscience que l’une des clés de leur avenir est à l’international. Dans ce domaine, le vin français se place très bien, c’est l’un des produits les plus compétitifs.