La cuisine est-elle entrée dans l’ère du spectacle ?
17 nov 2012
Catégorie : Presse & Médias
Une interview du journaliste et critique gastronomique Périco Légasse pioché sur le site Atalntico.fr que nous a transmis une de nos internaute fidèle au blog Pourcel…. et qui nous éclaire sur le » star système des chefs de cuisine « … et utilise des quand même raccourcis un peu faciles pour dresser le portrait d’une profession qui existe aussi par sa médiatisation … qui au passage permet aussi à beaucoup de journalistes d’exister… Donc merci au chef de faire parler d’eux, cela donne du grain à moudre aux journalistes et des plumes à faire travailler.
Les émissions culinaires connaissent de plus en plus de succès et les grands chefs sont devenus aussi célèbres que n’importe quel pop star.
Atlantico : Les grands chefs cuisiniers sont aujourd’hui autant adulés que n’importe quelle star de la chanson ou du cinéma. Les chefs sont-ils devenus des stars comme les autres ?
Périco Légasse : Il y a certains grands chefs qui sont devenus des stars. Certains parce qu’ils étaient de grand cuisiniers, d’autres parce qu’ils ont recherché spécifiquement la « starification ». C’est la conséquence de l’effet « Gault et Millau » qui a dit aux cuisiniers, il y a une trentaine d’année : « Sortez de vos fourneaux, les artistes c’est vous ! ». Puis Paul Bocuse a été le premier cuisinier médiatique. D’autres ont pris le relais avec les dérives que l’on connaît. Ils sont entrés dans une logique de communication et se sont mis à cuisiner en fonction de ce que la presse ou les guides attendaient d’eux. Certains ont explosé en vol car lorsqu’on est totalement dans le superficiel et l’artificiel, cela ne marche pas toujours. Heureusement, certains sont restés des professionnels, des artisans reconnus pour la qualité de leurs produits, sans se soucier de savoir si ce qu’ils faisaient dans leur assiette était médiatique ou pas.
Qu’est-ce que cette starification des chefs a changé dans le milieu de la cuisine ?
La starification est venu du fait qu’il fallait en mettre plein la vue à la clientèle. On investissait dans des restaurants qui sont devenus des palais. On facturait cette mise en scène au client . Les tarifs exorbitants n’avaient plus rien à voir avec le contenu de l’assiette . La clientèle des pays émergents est restée disposée à payer des fortunes, mais la clientèle française, plus gastronome, a pris du recul. C’est un peu ce qui s’est passé avec Bernard Loiseau. Les médias ont fait de certains cuisiniers des emblèmes et leur ont appliqué la formule des trois « L » : « lécher, lâché, lynché ! ». Alors que Paul Bocuse a su rester un artisan, il connaît la médiatisation. Mais c’est d’abord à son talent qu’il le doit. Les autres se sont mis des chapeaux, sont aller dans la montagne cuire des herbes, ont fait de la cuisine dans des éprouvettes. On les a vu à cheval, en moto, en avion, partout à travers le monde.
Les émissions télé, c’est du spectacle, mais ce n’est absolument pas la réintroduction de la cuisine dans la maison. Les plats des grands cuisiniers sont tout simplement impraticables. Télévisuellement, c’est formidable, mais cela ne suffira pas à ré-éduquer les Français qui aujourd’hui, ne savent plus manger. Pour 90% d’entre aux, ils achètent leurs produits dans la grande distribution. Les émissions de télévision ne suffiront pas à rapprocher les Français du repas familial où on cuisine un produit frais à la maison. C’est de la cuisine gadget pour des gens qui vont faire du gadget.
Les émissions culinaires ont-elles démocratisé la cuisine ?
Les restaurateurs indépendants, qui veulent faire de la qualité, sont aux abois, écrasés par la cuisine industrielle et la cuisine de chaîne. Les restaurateurs ne trouvent plus de personnel et préfèrent partir en retraite à 65 ans dès que l’occasion se présente. Les jeunes, eux, ne veulent plus faire ce métier.
Faire la cuisine, ce n’est pas comme faire du vélo. Il y a un intérêt visuel et un intérêt médiatique. La cuisine est entrée dans l’ère du spectacle, mais est sortie des foyers.
Monsieur Paul observe et sourit ….