Au restaurant – Comment alourdir l’addition grâce à quelques astuces des services… alors arnaque ?
25 juil 2012
Catégorie : Tendances
Une de nos internautes nous transmet une enquête du web magazine » Rue 89 « , intéressant, pas toujours faux ce qu’elle nous raconte…. Mais ce qu’oublie un peu trop l’enquête, c’est que les restaurateurs sont des commerçants, et oui, même si l’on est chef de cuisine, sommelier, maître d’hôtel, nous sommes avant tout des commerçants. Nous devons vendre des produits et une prestation pour développer le chiffre, c’est finalement le sens même du commerce. Créer des revenus pour payer les équipes, assurer les investissements nécessaires et développer l’activité. Aux États-Unis par exemple, les employés sont rémunérés au pourcentage de leurs ventes, plus les ventes sont importantes, plus l’ensemble des acteurs gagnent en rémunération, logique et motivant pour les équipes. Lorsque tout cela se fait avec discrétion et honnêteté, tout le monde y trouve son compte… et aussi, le client qui trouve toujours une personne pour répondre à ses demandes… Combien de fois en France lève-t-on le bras dans un restaurant ou dans un bar pour être servi ?
La relance de l’économie passe aussi par le changement de mentalité, nous sommes dans une société de consommation, même si nous le rejetons.
En attendant, retrouvez le link, ou lisez ci-dessous.
Au resto, les 7 techniques des serveurs pour alourdir l’addition
Questions fermées, ardoise approchée au bon moment, petit verre offert par le patron : comme tout bon vendeur, votre serveur sait comment vous faire consommer plus.
On ne fait pas attention, ou alors on s’habitue, mais passer la porte d’un restaurant, c’est, avant de prendre du plaisir, résister (ou pas) aux multiples sollicitations commerciales. Souvent implicites, ces petites pressions sous forme de gestes ou de phrases permettent aux restaurants d’améliorer leur chiffre, et aux serveurs d’empocher, éventuellement, une prime.
Sylvain, chef de rang depuis cinq ans, explique que « tout est codifié, pensé dans les moindres détails, pour vendre le maximum de produits ». Il se souvient d’une discussion avec son responsable d’un Costes (grand groupe de restauration à Paris) :
« C’est chez les Costes qu’on m’a le mieux formé à vendre. Une fois, en fin de service, mon manager m’a dit une phrase qui m’a marqué : “Ici, les serveurs, vous êtes là pour baiser le client, pas physiquement mais en lui prenant son argent. Alors faites du chiffre, dès qu’un client termine son verre, prenez-le lui et faites le recommander.” »
Bien sûr, ce genre de propos et la liste des astuces marketing qui suivent ne reflètent pas la mentalité de tous les restaurants.
1
Placer le client en vitrine ou en terrasse – Le monde appelle le monde. Un restaurant attire parce qu’il a du succès. Passer devant un restaurant qui semble plein est le meilleur moyen de le remplir.
2
« Un apéro ou directement du vin ? » – Vous avez déjà sûrement entendu cette phrase : « Vous prendrez un petit apéritif ou directement une bouteille de vin ? » C’est sur l’alcool que les restaurateurs font le plus de marge. Il faut poser des questions fermées, ne pas laisser de choix au client, rendre une réponse négative (« en fait, on va prendre de l’eau ») plus difficile.
3
« Sauvignon, Chardonnay, Chablis ? » – Après avoir gentiment imposé l’idée de prendre une boisson, et lorsque le client demande du vin, une technique courante consiste à lister les bouteilles de la moins cher à la plus cher :
« En blanc on peut vous proposer Sauvignon, Chardonnay ou Chablis. » La technique est féroce, mais le consommateur va retenir ce qui est dit en dernier plutôt que de faire répéter le serveur.
Et pour les verres de vin ou la bière, on ne parlera jamais centilitre, mais au contraire, on demandera : « Petit ou moyen, le verre ? » Pour la bière, c’est en réalité 25 centilitres ou 50 centilitres comme dans tous les établissements, mais présenter ainsi le choix incite le client à prendre une pinte plutôt qu’un demi.
4
« Eau plate ou eau gazeuse » – L’eau minérale, aussi étonnant que cela puisse paraître, est un véritable enjeu pour chaque serveur. Certains restaurants posent déjà des bouteilles non décapsulées sur les tables pour inciter le client à en prendre. Mais le plus souvent, le serveur en propose après avoir pris la commande. Cette phrase oblige encore le client à choisir l’une ou l’autre des possibilités.
Dans certains restaurants, des fiches expliquent comment bien vendre de l’eau :
Ne jamais poser de carafe d’eau avant de prendre la commande
Proposer « eau plate ou eau gazeuse »
Servir l’eau minérale comme le vin
Resservir régulièrement
Alexia, serveuse dans une brasserie chic, témoigne de sa technique :
« Moi, je sers régulièrement l’eau pour terminer la bouteille en plein milieu du repas et je propose au client une nouvelle bouteille. Presque systématiquement, il en redemande. »
Et cela fonctionne de la même façon pour le vin. Le serveur est a priori bienveillant pour vous resservir, mais c’est aussi un calcul : remplir les verres à ras bord et régulièrement, c’est avoir plus de chances de vendre une seconde bouteille.
5
Ne jamais goinfrer le client – Ne rien donner au client qu’il n’ait pas demandé. Mais comme cette règle souffre de beaucoup d’exceptions, il a fallu s’adapter. Pour les apéritifs, on donnera des amuse-bouches très salés (chips, cacahuètes, pop-corn) pour que le client ait soif et qu’il reprenne à boire. Romain, serveur à Montparnasse, a mis longtemps à intégrer la règle :
« Mon responsable m’a engueulé je ne sais pas combien de fois parce que je posais le pain sur la table juste après avoir pris la commande. Il veut qu’on le donne après avoir posé les plats, quitte à l’oublier pour que les clients aient encore faim pour un dessert. C’est stratégique. »
6
Poser plutôt que proposer – Une fois le plat de résistance terminé, le restaurateur espère pouvoir vendre un dessert. Pour cela, il y a les serveurs pressés ou pas bien formés qui diront : « Vous prendrez un petit dessert ? »
Et il y a ceux qui ne laisseront pas le choix en posant la carte des desserts directement sur la table. Pour Romain, cela change tout :
« On dirait que cela ne fait qu’une petite différence, mais en réalité, c’est radical. Le midi, quand je ne sers que des cadres qui sont pressés et que je suis dans le jus, je propose toujours les desserts à voix haute, c’est très rare qu’ils en prennent. Mais quand il y a moins de monde, je pose la carte, je laisse un peu de temps pour qu’ils digèrent, et je suis sûr d’en vendre. »
Et pour les plus récalcitrants, il y a le fameux café gourmand qui cible tous ceux qui ne veulent pas vraiment un dessert. Cette petite invention qui coûte entre 7 et 9 euros, rapporte énormément et console le client.
7
« L’addition, s’il vous plaît » – Evidemment, on ne pose jamais l’addition sans que le client la demande. Il peut reprendre un digestif ou une bouteille de vin. Une fois sollicité, le serveur apportera la note et après avoir vendu tout ce qu’il a pu, devra gratter un peu de pourboire.
Sylvain détaille ses techniques :
« Déjà le “tips” se fait tout au long du service. Au moment de payer, je vais systématiquement demander si tout s’est bien passé. Quand ils payent en carte bleue, je vais demander combien ils veulent mettre plutôt que d’inscrire le montant de la note directement sur la machine.
Et si je dois rendre de la monnaie, j’essaye de toujours privilégier les pièces, et jamais dans la main : soit dans une coupelle, soit sur la table. »
Enfin, pour les gros consommateurs ou les habitués, ils peuvent se voir offrir un petit verre pour la fin. Le patron peut bien sûr être sympathique, mais c’est aussi un acte qui n’est pas innocent. Si le restaurant se vide, cela permet de garder plus longtemps le client et d’avoir toujours un peu de monde. Cela récompense et entretient aussi la fidélité des habitués.
Attention cependant à ne pas griller cette carte, comme le relève Manu, chef de rang à Châtelet :
« Quand on offre un verre aux clients, ils demandent parfois : “En quel honneur ?” J’ai envie de leur répondre : “Parce que le restaurant se vide”… Mais parfois, on offre des verres à la table juste à côté, alors c’est gênant pour ceux qui se croyaient privilégiés. »
Ces petites astuces commerciales ont tellement de succès que des formations en vente additionnelle sont maintenant proposées aux restaurants. Pour Aurélie Viry, formatrice pour AV-Conseil : « Tout ce que l’on peut vendre en plus fera le chiffre d’affaires. » Elle se défend d’apprendre à manipuler la clientèle :
« Tout est dans l’art de proposer, on ne force pas le client qui pourra toujours dire non. Il faut intégrer la notion de plaisir. On va par exemple dire : “Un deuxième café vous ferait plaisir ?” Plutôt que : “Pas d’autre café ?”, formule négative et qui pousse à dire non. »
Aurélie Viry ne donnera pas d’autres exemples, peut-être pour ne pas concurrencer cette formation qui a « de plus en plus de succès ».
Riverains clients, avez-vous décelé d’autres petites phrases ou techniques pour vous faire consommer plus ? Riverains serveurs, connaissez-vous d’autres astuces à ajouter à la liste ? Partagez-les dans les commentaires.
Jean-Louis
25. juil, 2012
Bonjour,
Ai lu avec intérêt l’article, bof….rien de bien neuf dans la stratégie sauf le discours des Costes (si c’est vrai ?) « Baisez le client ». Nous savons tous que vous êtes des commerçants, et là pour gagner de l’argent et cela ne se discute pas et bravo à ceux qui le gagnent dignement. Il me semble que le consommateur se fait tout de même « baiser » naturellement dans des pseudos restos immonde où le rapport qualité-prix est exceptionnellement mauvais, ne parlons pas de fast-food et notamment Mac. Dans ce cas la méthode américaine fonctionne à merveille « Pourquoi violer quand on peut baiser ». Pour en revenir à votre rêve américain et ses pourboires, vous n’êtes pas sans savoir, que cette méthode se pratiquait en France il y a moins de 40 ans. Mais les 15% imposés pour le service, l’ont été à la demande du syndicat des CHR, qui donc ont rajouté ce taux à la facture. Les premiers spoliés furent les serveurs qui se voyaient prendre leurs pourboires pour le partager entre tout le personnel. Si aujourd’hui, cette profession a du mal à trouver de la main d’oeuvre, ce système est en cause. C’est vrai il me paraîtrait difficile aujourd’hui de rajouter 15% net sur une addition. En résumé les combines délivrées dans cet article ne sont pas des combines, mais tout simplement du bon sens commercial. Dites tout de même à vos employés de salle, que les pourboires existent toujours pour le personnel aimable et serviable. Le problème dans les gastros, est de ne pas personnaliser le service avec une seule personne attachée à une table, le nombre de personnes à votre service augmente la difficulté à donner un bon pourboire à un type méritant. Après dans les brasseries notamment, il est difficile de trouver des serveurs sympas, la plupart sont arrogants ou prétentieux. Je serais patron de ce type d’établissement, j’essaierais d’expliquer à mes salariés
1) que ce métier est noble et valorisant (quand il n’est pas au SMIG), cela les décomplexerait
2) apprendre qu’un sourire n’est pas plus difficile à faire qu’une grimace
3) qu’un client ne les prend pas pour des « larbins » dans 90% des cas et si oui qu’ils se fassent respecter avec tact et intelligence. Bon, pas facile parfois vu le niveau mais chacun peut progresser et je constate que ce sont les serveurs issus de l’immigration qui sont les plus disponibles et courtois.
Cordialement.
LadyMilonguera
25. juil, 2012
J’ai lu cet article avec attention et l’ai trouvé fort intéressant.
jacques
26. juil, 2012
Bonne analyse….. dans ce métier, il faut que l’humain reste au coeur du système, avec ses bons et ses mauvais côtés.
Un sourire, la prise en compte de l’attente du client, un échange convivial, accompagner le client pour le satisfaire, c’est le sens même du métier de service, pas besoin de forcer le client à dépenser, il le fera spontanément si il est satisfait.
Tout le monde y trouveras son compte…
JP
rollin
26. juin, 2016
La nouvelle mode au restaurant, lorsque l’on choisi un Pouilly fuisse 2008 c’est de nous vendre un 2013 au même prix.Cela fait deux fois que je me fais avoir
Teddy
03. sept, 2017
J’ai repéré une méthode dans plusieurs restaurants avec buffets à volonté, genre restaurants chinois, par exemple.
Les tables sont toujours trop basses par rapport aux chaises, par conséquent le client a plus facilement tendance à se pencher quand il mange. Cet inconfort, peu de gens le remarquent, parce qu’il s’agit de quelques millimètres d’écart, mais ça fait toute la différence quand il s’agit de manger alors que le client a tout son sternum qui repose sur son estomac et ses intestins..
Pierre A
25. mar, 2018
Bonjour à tous, l’article est très intéressant, en tant que serveur c’est exactement dans cette optique que je suis. Tout en restant courtois et à l’écoutes du client. Quand le client se sent à l’aise avev « son » serveur, il peut plus facilement se créer un « feeling » qui permettra une bonne vente!
Très à l’aise avev la clientèle une table moyenne est de 40€ dans une chaîne tradi, j’arrive assez facilement à monter au tour des 80-100€ en proposant et « imposant » simplement.
Ce que j’adore faire c’est vendre du très bon café qui est à 2.5€ à la place d’un expresso basique qui est environ de 1.7€
0.8€ ce n’est rien en soit pour le client et pour nous, mais reporté au jour, à la semaine, au mois, on augmente très vite le CA!
Enfin voilà, au plaisir de vous donnez mes techniques et d’en apprendre de nouvelles
Olivier Aubrun
28. mai, 2018
Alourdir la note du client…. pratique que j’appelerai plus simplement la vente additionnelle. lorsque celle çi est bien menée personne n’y perds. Vous tout l’art de recevoir ;0)
bertrand
05. mar, 2019
Vous me donnez envie de vomir avec vos techniques profitant des faiblesses des gens.
Vous ne pouvez pas laisser les gens profiter de leur sortie et les laisser se faire plaisir plutôt qu’essayer de les manipuler pour en tirer le profil maximum ?
Pour un consommateur, la meilleure technique est de faire le contraire de ce que le serveur propose.