Les français consomment beaucoup plus de poissons que ce que la mer peut fournir
29 mai 2012
Catégorie : Tendances
Si la France comptait sur sa seule production, pêche ou élevage, pour alimenter son marché, on ne trouverait plus de poissons à vendre sur les étals à partir de lundi, soit trois semaines plus tôt que l’an dernier et trois mois et demi plus tôt qu’il y a une vingtaine d’années.
La New economics foundation (Nef) et Ocean2012, une alliance d’ONG, publient lundi un rapport sur » la dépendance croissante de l’Europe à l’égard du poisson d’ailleurs « .
Pour établir quel est pour chaque pays » le jour de dépendance à l’égard du poisson « , c’est à dire le jour de l’année où il n’est plus auto-suffisant, les auteurs ont fait le lien entre la consommation du pays et le total des prises de ses pêcheurs dans les eaux nationales et européennes, y ajoutant les produits de l’aquaculture.
Dans certaines criées c’est la misère, plus de poissons
Une chose ressort, les citoyens européens consomment beaucoup plus de poissons que la mer ne peut en produire et sont de plus en plus dépendants d’autres pays, la France quant à elle n’est ainsi auto-suffisante en poisson qu’à 38,6%, soit un » jour de dépendance » qui tombe le 21 mai (8 avril sans l’aquaculture). En 1990, la France était auto-suffisante à 68% et son jour de dépendance tombait le 6 septembre. 12 pays européens ont atteint ce jour avant elle.
En moyenne, » le jour de dépendance » de l’Europe des 27 est le 6 juillet. Cette situation s’explique par une diminution des captures (25% de moins en Europe depuis 1993), du fait de la surpêche et donc de la diminution progressive des stocks, et par une consommation en hausse.
Stocks non-européens mis en danger
Dans le monde, la consommation de poisson est passée de 9 à 17,1 kg par an et par personne de 1960 à 2007. En Europe, la consommation est plus élevée encore, de 22,1 kg par an et par personne. Le Portugais est le plus gros consommateur avec 61,6 kg, la Bulgarie le plus faible (4,2 kg). Le Français est 5ème du tableau, avec 34,2 kg. En conséquence l’Europe dépend de plus en plus de pays tiers : d’une part elle importe de plus en plus, à des prix élevés, d’autre part elle fait de la pêche hauturière loin de ses zones, dommageable pour les stocks de poisson des autres régions du monde.
Quant à l’aquaculture, qui pourrait compenser le déclin des poissons sauvages, elle consomme elle-même beaucoup de poisson pour alimenter les élevages, ses conditions sanitaires sont parfois contestées et son impact environnemental peut être important, selon l’étude.
Les auteurs du rapport espèrent que la réforme en cours de la politique commune de la pêche incitera l’Europe à se concentrer sur la restauration de ses propres écosystèmes marins et modifier ses niveaux de consommation pour qu’ils soient en rapport avec ses possibilités.