Une belle histoire : Ghalia Mahmoud la cuisine populaire au coeur du Caire
23 mar 2012
Catégorie : Chefs, Presse & Médias
Ghalia Mahmoud est une cuisinière à l’improbable célébrité… son histoire rapportée par une de nos internautes au Blog Pourcel nous a séduit, suivez-nous pour la découvrir.
Au Caire, elle est connue sous son prénom Ghalia, un petit bout de femme issue de la classe ouvrière connue et aimée dans son quartier. En quelques mois Ghalia Mahmoud est devenue une célèbre cuisinière en Égypte, pourtant sa pauvreté était à l’antipode d’une possible ascension sociale pratiquée sous le régime de Moubarak. Sa spécialité est nourrir sa famille nombreuse sur un budget serré – et dans le sillage du printemps arabe, son émission de télévision a fait d’elle une star.
Créée après la révolte en début d’année 2011, son émission de télévision diffusée par satellite est un succès. Sous le régime précédent, les cuisinières ou chefs qui passaient à la télévision étaient des stars, parlaient anglais et français. » Nous n’avions pas notre place, vous ne verriez pas quelqu’un comme moi à la télévision » dit-elle. Le régime de Moubarak préférait passer sous silence les difficultés auxquelles sont soumis un grand nombre d’habitants. Le Caire est une immense ville, surpeuplée et enfoncée dans la pauvreté, la cuisinière est originaire d’un quartier pauvre qui illustre bien ce mode de vie.
Dans les quartiers pauvres où elle vit encore, avec 10 livres égyptiennes (même pas 1,5 euro) par jour, elle sait comment faire manger toute sa famille. Le succès de son émission réside sur le fait qu’elle fait la cuisine dans sa maison, avec les mêmes pots métalliques volumineux que tout le monde, une gazinière de fortune, des tabliers multicolores accrochés au mur, avec une certaine nonchalance, de la bonne humeur mais avec d’épatantes recettes traditionnelles humbles.
Le directeur de la chaîne, Mohammad Gohar, avait besoin d’une émission de cuisine populaire pour sa chaîne, il a découvert Ghalia Mahmoud qui avait une famille de 21 personnes à nourrir pour la fin du jeûne du ramadan et son budget oscillait entre 20 et 30 livres égyptiennes (4 euros) par jour.
La cuisinière connaît bien la cuisine égyptienne traditionnelle, celle de sa mère et de sa grand-mère, avec pas beaucoup de viande, mais beaucoup de légumes, de la sauce tomate et du riz, elles faisaient des miracles, elle porte toute la culture égyptienne et le patrimoine dans ses veines.
» En Égypte, vous pouvez manger des plats de haricots pour peu d’argent et vous vous sentirez pleinement rassasiés » assure-t-elle. Elle-même ne cuisine que 250 g de viande une fois par semaine. Elle prépare beaucoup de plats à base de lentilles y compris la soupe, mais aussi les légumes bon marché, et le fatta un plat à base de pain et de riz relevé d’ail et de vinaigre.
Même CNN lui a consacré un reportage.
Pour elle, seule la cuisine du cœur compte, » si vous êtes bon à l’intérieur, la nourriture sera savoureuse » dit-elle.
Est-ce que la célébrité a changé Mahmoud ? Certainement pas, elle va encore chez son boulanger et au marché dans ses pantoufles et enroulé de son châle, elle vit toujours dans la même maison. Dans son quartier, avec ses petites ruelles tout le monde la connaissait déjà. Elle s’adresse aux gens simples qui vivent comme elle et qui connaissent les difficultés d’exister, d’où l’écoute qu’elle suscite.