Le Negresco, un hôtel pas comme les autres…
06 fév 2012
Catégorie : Bonnes adresses, Design - décoration
Nous avons séjourné au Negresco, le célèbre palace niçois. Oublions tous les codes de l’hôtellerie contemporaine, évitons les comparaisons, et inclinons-nous dans le seul palace qui soit resté identique à son origine, fidèle à une famille, à une histoire, à un patrimoine. Concentrez vos regards sur les éblouissantes œuvres d’arts amassées par la propriétaire, appréciez les meubles Art déco pour leurs finesses et leurs lignes, vibrez face à la façade, sous la Rotonde ou la verrière, admirez les escaliers monumentaux et les ascenseurs historiques, rêvez sur la finesse des marbres, des bois sculptés et des marqueteries, soyez émus par le restaurant aux chevaux de bois et l’automate… vous oublierez forcément le confort sommaire des chambres, les isolations phoniques éphémères, le manque de sensualité du lieu. Mais petit à petit les chambres sont rénovées, l’hôtel Musée traverse les décennies et soyez-en certain Le Negresco n’en finira pas de vous réserver des surprises par sa modernité historique.
Un peu d’histoire.
Le Palace Hôtel a été érigé en 1913 sur la Promenade des Anglais à Nice par le fils d’un aubergiste roumain : Henri Negrescu, lequel donnera une tonalité locale à son patronyme. Le succès est immédiat. Pour sa première année d’exploitation, le palace réalise un bénéfice de 800 000 francs en or ! Une fortune pour cet ancien directeur du casino de Nice, éphémère toutefois. La Première Guerre mondiale éclate, son établissement est transformé en hôpital de guerre… À la sortie de la guerre Henri, devenu Negresco, se retrouve sans le sou. Croulant sous les dettes, il meurt d’un cancer en 1920. Il a 52 ans.
Le Negresco est alors repris par un groupe hôtelier belge. Tout ce que la planète compte de riches héritiers et de richissimes industriels se pressent à nouveau au Negresco. Le phénix renaît de ses cendres. Mais la Seconde Guerre mondiale se profile. À la fin du conflit, le palace n’est plus qu’une ombre.
C’est en 1957 que Paul, (décédé en 1995) et Jeanne Augier se portent acquéreur de ce paquebot à la dérive pour en faire un des fleurons de l’Hôtellerie française. C’est un drame humain qui a poussé la famille Augier à se porter acquéreur du Negresco. Alors qu’elle exerce le métier de promoteur immobilier, la mère de Jeanne Augier devient paralysée à la suite d’une opération. Or, l’immeuble où elle habite, déjà sur la Promenade des Anglais, ne permet pas de la faire monter allongée dans l’ascenseur. Seul le Negresco possédait à Nice des ascenseurs aussi larges. Par chance, l’hôtel était à la vente, aussitôt acquis, l’idée d’en faire un des derniers grands palaces de la Riviera deviendra leur objectif.
Bien décidés à ce que le Negresco retrouve toute sa noblesse, les Augier font en quelques années passer le nombre d’employés de 76 à 260. Les repreneurs mettent un point d’honneur à ce que l’art français y trouve un écrin, un patrimoine où l’art et la cuisine tiendra toute sa place. Le Chantecler, restaurant gastronomique du Negresco, y connaîtra l’éclosion du célèbre chef Jacques Maximin, puis Dominique Le Stanc, puis Alain LLorca et aujourd’hui Jean-Denis Rieubland.
Peu à peu l’hôtel retrouve son rang et dans les années 1960, les 117 chambres et 24 suites bruissent, reçoivent à nouveaux Princes et hautes personnalités. Le Shah d’Iran prendra conseil auprès des Augier pour la création d’un palace à Ispahan, et le Ritz de Montréal s’offre les talents de décoratrice de Jeanne Augier. Aux têtes couronnées ont succédé les stars du show-biz, d’Anthony Quinn à Michael Jackson, en passant par Ernest Hemingway. Romy Schneider y a également vécu un peu de son idylle avec Alain Delon. Un peu hôtel, un peu musée, le visiteur peut vivre aujourd’hui la sienne, avec l’indicible sentiment de tutoyer les légendes qui ont traversé le siècle.
Le Negresco est le dernier palace indépendant de la Côte d’Azur, 260 personnes y travaillent, unique en son genre, il y abrite des trésors achetés dans les plus belles ventes aux enchères et des toiles de maîtres. Dans le salon Versailles, on peut ainsi admirer un des trois portraits en pied de Louis XIV, peints par Hyacinthe Rigaud (les deux autres étant au Louvre et à Versailles). Dans le salon royal, l’immense verrière de Gustave Eiffel supporte un lustre géant de Baccarat commandé en deux exemplaires par le tsar Nicolas II. L’hôtelière mêle le classique et le contemporain, les tapis sont des créations de Raymond Moretti, les boiseries ont été sculptées sous Louis XIV et c’est une œuvre de Niki de Saint Phalle qui accueille les visiteurs…
À 86 ans, Jeanne Augier vit au dernier étage et continue à régler les moindres détails de la vie de l’hôtel. Outre le célèbre hôtel, dont la façade est classée monument historique, c’est une fondation qui recevra en legs la villa familiale de Saint-Vallier, près de Grasse, deux appartements avenue George V à Paris, des sociétés immobilières ou encore des parkings situés en centre-ville de Nice.
Restaurant La Rotonde
La table le » Chantecler «
Dans les chambres.
Chaillou
15. fév, 2018
bonsoir
dommage d’avoir oublié le Chef Bruno turbot même si il a été de plus de 3 ans au commande des cuisines.
bien a vous