Le trait qui mène à Yazhou… Découvrez Jean-Marc Nahas
30 sept 2011
Catégorie : Actu Pourcel France, Bonnes adresses, Design - décoration
Lors de la création du restaurant Yazhou à Beyrouth, l’architecte d’intérieur Philippe Castro Castejon, en charge du projet, a eu la bonne idée de laisser les murs de la salle principale couverts de blanc et donner cette page blanche volumineuse à un artiste.
C’est donc à Jean-Marc Nahas, artiste libanais qui vit et travaille à Beyrouth, qu’a été confié le travail. Son challenge : habiller les murs de ses traits, courbes et déliés, le tout à main levée avec seulement pour ustensile une échelle et des marqueurs d’encre noir.
S’approprier l’endroit, lui donner vie, jouer avec les volumes et la lumière, donner de l’intensité à certains endroits, puis libérer l’espace pour l’ouvrir vers l’imaginaire. Ce n’était pas tâche facile, mais l’artiste s’est pris au jeu.
Au final, tel un papier peint, les murs se sont revêtus de ses dessins, il a laissé parler sa créativité, la salle de restaurant a trouvé une âme.
Jean-Marc Nahas est né en 1963 à Beyrouth, à l’âge de 17 ans, il part étudier à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts (ENSBA) de Paris. Diplôme en poche, il revient 2 ans à Beyrouth pour repartir ensuite à Montréal. Cinq ans après, c’est au Liban qu’il s’établit… Son univers est issu de la bande dessinée, sur la toile c’est au travail de Robert Combas qu’il se réfère, son trait est très puissant et au service d’un dessin original et très graphique.
Quand Jean-Marc Nahas a un feutre dans les mains, il est capable de tout, de la banque d’accueil aux guéridons de service, tout se transforme.
Son enfance à Beyrouth, son adolescence marquée par la guerre au Liban, le fossé qui s’est creusé ici entre les communautés, sont parmi ses thèmes de prédilection, la guerre avec son cortège d’atrocités individuelles et collectives se symbolise en de grands traits rageurs et des dégradées de noirs.
Aujourd’hui, ce peintre toujours plus prolixe veut croire au bonheur. Ses dernières œuvres, plus colorées, moins tourmentées s’ouvrent vers l’espoir. Amoureux fou de son pays, il répète sans cesse que c’est le plus beau pays du monde, il rêve d’ailleurs, il a l’impression d’étouffer ici, mais a tellement besoin de son univers pour s’épanouir qu’il ne quittera jamais Beyrouth… De Beyrouth, il dit : Quand je pense à Beyrouth, je vois une femme… une femme brune…
Retrouvez son travail au restaurant Yahzou à Beyrouth.
De l’encre, il dit : « Elle a été mon medium préféré pendant très longtemps, moins maintenant. J’ai dû en utiliser des litres et des litres… Moi, je trouve que c’est un medium très sensuel. »
Les gens : « J’aime dessiner entouré de gens que je ne connais pas. Mes dessins sont souvent influencés par le regard des gens autour de moi. Les gens sont imbriqués malgré eux dans mon travail. »
La guerre : « Maintenant, je veux être positif et croire qu’on aura un avenir meilleur, je veux le faire pour ceux qui viendront après nous, je ne veux plus en parler, il y a autre chose dans la vie… »
Le travail de JM Nahas dans son atelier.
La BD : « Je suis d’une génération BD et je me rappelle que nos parents nous ont presque empêché d’en lire car ils pensaient que c’était mal écrit. Pourtant, je dois une grande partie de ma culture à la lecture de livres mais aussi de BD. Cela transparaît dans mon travail aujourd’hui. Cela dit, la BD me parlait plus jeune étant jeune, aujourd’hui, le cinéma l’a remplacée. »
Picasso : « Ce peintre sera toujours l’école avec laquelle je me sens familier, pour moi, il est à la base de tout enseignement. Il y a eu cet homme et tous les autres. »
Couleurs et coloriage : « Un monde les sépare ! La couleur tu la sens, tu la vis, tu la fais vibrer, elle doit subsister comme la peinture des grands peintres : Bonnard, Matisse… Le coloriage est donné à tout le monde, il se ternit très vite. »