Pampelonne – Club 55, la plus chic des plages privées
23 juil 2011
Catégorie : Bonnes adresses, Voyage destinations loisirs
Un article repéré sur le Figaro Économie paru courant juillet et envoyé au blog par une de nos internautes fidèles. Décidément, à l’heure où beaucoup d’exploitants se posent la question des nouvelles législations sur les plages privées et les concessions municipales, les plages de Pampelonne continuent à briller sur la côte méditerranéenne. Un bel exemple à suivre…
Les affaires florissantes du Club 55 à Ramatuelle
Au plus fort de l’été, 110 personnes travaillent sur place. Le mythique restaurant de la plage privée de Pampelonne sert 800 repas par jour.
Une cabane de Robinson devenue en une cinquantaine d’années une des plages privées les plus chics de la Côte d’Azur, c’est l’histoire du Club 55 sur la plage de Pampelonne à Ramatuelle, à deux pas de Saint-Tropez. C’est aussi l’histoire de Patrice de Colmont, qui accueille ses hôtes jour après jour et dirige d’une main de fer et de velours l’établissement. Car, quand on sert 800 repas par jour en étant fermé le soir, l’improvisation n’a nulle place. Entreprise familiale, le Club 55 entend cultiver sa différence, son savoir-vivre et son savoir-faire, mais c’est aussi une affaire qui marche.
La table, qui se veut simple, accueille les grands de ce monde et les «people» sous les canisses. Elle est, avec les 350 matelas de la plage privée, une affaire bien rodée. « Nous réalisons un chiffre d’affaires hors taxes supérieur à 10 millions d’euros par an », explique Patrice de Colmont. Il ne refuse pas de parler chiffres, mais affirme que l’essentiel est ailleurs. « Notre objectif, c’est que le client ait l’impression qu’on lui a donné plus que ce qu’il nous a donné. Il dit merci en partant. »
L’histoire de cette petite entreprise si chic est elle aussi mythique. « Mon père était un ethnologue, un explorateur, qui faisait découvrir ses voyages lors des conférences dans le circuit Connaissances du monde. Un jour de 1947, il a dû s’abriter ici du mistral alors qu’il voyageait à bord d’un voilier qui transportait des oranges et est tombé amoureux de l’endroit », raconte Patrice de Colmont. Quelques années plus tard, il installera sa famille dans une cabane de pêcheurs sur une plage vierge, puis rachètera 1 600 m² pour y vivre à l’année, annonçant « de ce lieu inhospitalier nous ferons notre terre promise ». C’est le film Et Dieu créa la femme qui l’y a aidé. La cuisine familiale est alors devenue la cantine de l’équipe du film. Et le Club 55 a vu le jour.
Depuis, leur fils Patrice et leur fille Véronique ont développé l’entreprise, tout en cherchant à rester fidèles à l’esprit indépendant de leurs parents. Pour preuve de sa volonté de ne rien brader, Patrice de Colmont raconte la proposition mirifique d’un milliardaire qui voulait installer un Club 55 à Malibu en Californie. Proposition refusée. « Le Club 55, c’est ici et nulle part ailleurs. » Avocats, émissaires et proches ont essayé de le faire fléchir, le milliardaire allant jusqu’à planter le terrain acheté d’essences méditerranéennes, il fut inflexible et le Club 55 est resté unique.
110 salariés durant l’été
Au plus fort de l’été, 110 personnes travaillent sur place, dont 25 sont salariés à l’année. Une entreprise exigeante, mais qui sait associer le personnel aux profits. « Grâce au plan d’intéressement de l’entreprise, il a été distribué environ 380 000 euros aux salariés pour l’exercice 2010. Ce qui représente 15 % des bénéfices », explique Patrice de Colmont. Il a aussi investi dans l’immobilier pour loger un personnel qui ne pourrait suivre la surenchère des loyers née de la demande des touristes.
Aujourd’hui, l’entreprise vaudrait une vingtaine de millions d’euros rien qu’en foncier et en immobilier. « Ça peut paraître une mine d’or, mais qui demande beaucoup d’énergie », reconnaît Patrice de Colmont. La suite ? Pour l’instant, il ne veut pas en entendre parler, ses enfants n’ont pas suivi son exemple, mais sa vie est là. Grâce aux gains réalisés sur la plage, il a même racheté des vignes dans la presqu’île de Ramatuelle et une ferme (Domaine des Bouis). « Là aussi, je suis respectueux de la terre qui est la nôtre comme nous l’a enseigné mon père. Je fais une agriculture bio et je travaille la terre avec des chevaux ». Robinson toujours. Pourtant, petit à petit, les choses s’organisent. Une nouvelle étape a été franchie récemment : les murs et le foncier (5 000 mètres carrés aujourd’hui) ont été apportés à l’entreprise. « Pour la première fois, la société est propriétaire de son outil de travail », indique-t-il. Pourtant, les matelas du Club 55 sont sur le domaine public maritime comme les autres plages privées de Pampelonne. Toutes redoutent de prochaines décisions de restriction des concessions, mais pour cette saison encore tout continue comme avant.
Crédits photo : STEPHANE COMPOINT /ONLYFRANCE.FR/STEPHANE COMPOINT