Hôtellerie – La cinquième étoile déjà galvaudée ?
10 jan 2011
Catégorie : Tendances
Toute l’hôtellerie de luxe française a fait sa révolution depuis deux ans avec la création de la 5e étoile, mais était-ce vraiment une révolution ?
Cette nouvelle étoile, classant les établissements haut de gamme, aurait dû bénéficier seulement aux établissements exceptionnels, or, ce n’est pas forcément le cas. Donc, sous la pression des grands hôtels parisiens, décision fut prise de créer la classification » Palace » qui installera d’emblée les établissements au nirvana.
Déjà les professionnels balancent, par exemple Jean-Louis Leimbacher, directeur général du Palais à Biarritz est plus explicite: « La catégorie 5 étoiles a été créée en dépit du bon sens. Apparue très récemment, elle a été galvaudée. Il a donc fallu créer une nouvelle classe au-dessus pour faire la différence entre les hôtels qui se contentaient de respecter les critères techniques et ceux qui avaient un véritable plus, un passé prestigieux, car le client est parfaitement capable de faire la différence entre un hôtel de grande qualité et un palace. »
La cinquième étoile, une pierre dans le jardin du groupe Accor. Quand la catégorie 5 étoiles est apparue, il y a deux ans, Accor y a fait rentrer ses Sofitel, déclassant en même temps ceux qui n’étaient pas au niveau, en activant une marque endormie Pullman.
Résultat, aujourd’hui dans l’hexagone, 98 établissements de luxe sont classés 5 étoiles, se côtoient par exemple le Sofitel Marseille – Le Vieux-Port, le Negresco de Nice, le Sofitel Lyon-Bellecour, le Royal Evian…
Mais comment devient-on un « palace » ?
Être classé « palace » sera bientôt sérieusement défini par l’administration, voyez plutôt. Certains critères paraissent assez simples, voire basiques, par exemple :
– Le linge de lit doit être propre et en bon état (ce qui semble un minimum).
– Chaque chambre doit être équipée de lumière électrique, mais aussi d’une poubelle et d’une table qui peut être remplacée par un bureau.
– Le chauffage est « obligatoire » et le sèche-cheveux aussi.
– Les chambres doivent faire au minimum 26 m2, sanitaires compris, pour une personne seule, 30 m2 pour deux personnes.
– Il faut aligner 2,2 salariés par chambre tout au long de l’année à Paris, le ratio tombe à 1,5 en province.
– À Paris, l’établissement doit être ouvert douze mois sur douze.
– Au-delà des critères objectifs, c’est l’affect et l’histoire qui fera le palace. Un jury de dix personnalités qualifiées se réunira pour accorder ou refuser l’appellation tant convoitée.
Les candidats à la distinction « palace » avaient jusqu’au 31 décembre minuit pour déposer leur dossier auprès des services du ministère du Tourisme.
Alors, quand on s’appelle le George V, le Ritz, le Meurice, le Plaza Athénée, Le Crillon… ou l’Hôtel du Palais à Biarritz, il n’est pas envisageable de ne pas être classé « palace ». » Il est absolument vital de faire une différence entre un 5 étoiles et un « palace », qui intègre une notion historique et patrimoniale essentielle « , explique François Delahaye, directeur général de Dorchester Collection qui regroupe les hôtels du sultan de Brunei, dont le Meurice et le Plaza à Paris.