Marrakech… quel avenir pour la destination ?
28 nov 2010
Catégorie : Tendances
Marrakech, nouvel eldorado ou miroir aux alouettes ?
Marrakech bouge, Marrakech se développe, Marrakech perle du continent africain, Marrakech star du Maghreb, Marrakech rendez-vous des jet-setteurs et des têtes couronnées ?… ou simplement une bulle qui va se dégonfler ?
C’est une des destinations proches de l’Europe la plus tendance, et malgré les deux dernières années très difficiles pour l’économie locale dues à la crise en Europe, Marrakech semble rebondir et à nouveau attirer les touristes en mal d’exotisme…
Marrakech est devenue au fil des ans un centre artistique et culturel qui fascine artistes, architectes, designers et qui depuis quelques mois concentre le plus d’hôtels de luxe et de palaces de tout le bassin méditerranéen.
Vitrine d’un Maroc musulman tolérant, ouverte sur le monde, la ville est devenue une métropole de plus d’un million d’habitants, bouillonnante et cosmopolite. Un patrimoine exceptionnel, une végétation luxuriante, un ensoleillement assuré dix mois sur douze, un panorama unique sur les montagnes de l’Atlas, une palmeraie magique, en font une destination naturellement attirante.
Marrakech, c’était le rendez-vous des personnalités qui voulaient trouver calme et dépaysement, Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent furent les pionniers, puis ce fut Bernard Henri Lévy, Serge Lutens, Anne Sinclair et DSK, Claude Challe… En 1994, le Britannique Richard Branson y invite près de 200 journalistes pour le départ de son tour du monde en montgolfière, Marrakech étaient définitivement lancée sur la scène des destinations mondiales. En 1999, l’émission Capital diffusée en France fera le reste, ce sera la ruée vers les riads…
De 2003 à 2007, Marrakech se transforme, 913 projets touristiques sont autorisés, développement anarchique, explosion des prix des terrains, chaque Marrakchi s’improvise agent immobilier, investisseurs affamés et lobby de l’immobilier s’installe. Ce développement prématuré a donné ce que l’on retrouve aujourd’hui des résidences sur des centaines d’hectares vides et avec souvent les chantiers arrêtés fautes d’acquéreurs.
Les grandes enseignes, comme Zara ou Carrefour, s’y installent, cafés à la mode et restaurants branchés ont pignon sur rue, les étrangers s’y installent, et tout cela crée de grandes frustrations dans la population qui se sent exclue de ce développement, même si Marrakech compte 6 % de chômage, alors que le reste du pays compte 11 % de chômeurs.
L’environnement devient un problème et même un défi. À l’horizon de 2020, ce sont 20 golfs qui sont prévus tout autour de la cité, ce qui va créer un déséquilibre grave quant à la gestion de l’eau, Marrakech étant une des plus grandes cités-jardins du monde arabe, les espaces verts représentaient 60 m2 par habitant en 1920, pour 1 m2 aujourd’hui.
2008 et 2009 resteront les années plus difficiles pour les affaires, la fréquentation hôtelière a chuté de 66 % en 2007 à 44 %. De nombreux projets touristiques sont abandonnés avant même le premier coups de pioche comme celui de Pierre & Vacances. Le prix de l’immobilier a chuté de 50 % dans certaines zones, un retour à la raison.
2010 fait entrevoir le bout du tunnel. 15 % d’augmentation de fréquentation depuis le début de l’année, les grandes locomotives comme la Mamounia, décorée par Jacques Garcia, ont permis de redorer l’image à l’international. Puis ce sont les groupes Barrière, Four Seasons, Beachcomber, Raffles, Shangri-La, Mandarin Oriental, Ritz-Carlton qui y développent des produits et contribuent à en faire une destination incontournable. Le Royal Mansour, financé par le roi Mohammed VI et qui ouvre bientôt avec le chef Yannick Alléno aux commandes des cuisines, sera un des hôtels qui aura coûté le plus cher au monde.
80 000 lits sont prévus d’ici à 2020. La nouvelle politique touristique, c’est le culturel et l’événementiel, mais aussi le développement de pépinières d’entreprises basées sur les service et le développement de l’agriculture autour des produits de terroir. Alors Marrakech survivra-t-elle à sa frénésie ?
Certainement, car c’est un territoire de ressources inestimables, mais il ne faudra pas laisser la population sur le carreau et s’occuper de donner du travail aux jeunes… C’est une condition essentielle à la stabilité, si des éléments incontrôlables ne prennent pas Marrakech pour cible avant…