Ducasse ou Robuchon ?
24 août 2010
Catégorie : Pour le Fun, Presse & Médias
Et voici un article paru sur Le Figaro du 19 août dernier, que nous avions zappé, mais c’était sans compter sur la perspicacité d’une internaute qui nous a transmis le lien internet…
Alors vous êtes… Mer ou piscine ? Choux à la crème ou religieuse ? Train ou avion ? Mac ou PC ? Ségolène ou Nicolas ? Cannes ou Biarritz ? Chocolat noir ou chocolat blanc ? Van Cleef ou Arpels ? Badoit ou Perrier ? Laurel ou Hardy ? Eté ou hiver ?
Et si vous fréquentez les grands restaurants, vous êtes plutôt Alain Ducasse ou Joël Robuchon ?
Tel est le propos de FS dans une étape supplémentaire de la série de l’été du Figaro » Duels au Soleil « … édifiant !
Lisez ci-dessous ou suivez le lien ci-après également.
http://www.lefigaro.fr/culture/2010/08/19/03004-20100819ARTFIG00429-tes-vous-ducasse-ou-robuchon.php
Êtes-vous Ducasse ou Robuchon ?
DUELS AU SOLEIL (33) – Ces deux astres de la gastronomie française renvoient à deux manières de vivre.
Résumons donc. Alain Ducasse né dans la Gascogne, Joël Robuchon dans le Poitou. Cela ne nous avance guère, il n’y a pas grand-chose à détricoter. Quoique. Le premier fonctionne plutôt à l’huile d’olive, l’autre au beurre des Charentes. Voilà un vaste pan psychologique: le hamac, les cigales, la sieste opposés au bocage neurasthénique, les lumières laiteuses, les après-midi mornes traversées par les routes communales. Sauf que cela ne correspond pas. Il faut trouver des actes fondateurs.
Ducasse seul survivant d’un accident d’avion. Robuchon sauvé du séminaire. On l’a compris, tous les deux ont connu la frousse de leur vie. Ce sont des miraculés. Mais le premier aura appuyé sa bonne fortune sur ses relations du Rocher (Monte-Carlo) pendant que le second a trimé dans les sous-sols des cuisines. Il a franchi tous les cols. Tous deux ont sacrément bien réussi avec cette hargne constante qui nécessite bien plusieurs placards pour entasser les cadavres. Vous sursautez ? Vous avez raison, mais un jour, il faudrait bien que vous descendiez de Bisounoursland pour réaliser que le monde des cuisines est un univers assez cruel. Vachard, violent, sadique et autres tortures mentales: plats jetés en pleine gueule, coups et blessures.
Nos amis ne sont donc pas des agneaux même s’ils le cuisinent différemment. Disons que Joël adjoindra une admirable purée de pommes de terre (une réinvention qui le fera passer dans la postérité) alors qu’Alain glissera une poêlée de légumes de saison sursautés au wok (le premier à avoir médiatisé les tronçons de carottes et les sifflets de salsifis). C’est aussi une façon de voir le monde: le réduire, l’assujettir, le réincarner façon anthropocentrisme (Robuchon) ou alors lui laisser sa vie, son esthétique naturaliste, sa vocation bio angélique (Ducasse). Si l’on peut se permettre (j’entends déjà les orgues de Staline pivoter vers le boulevard Haussmann), ils gèrent leurs employés un peu de la même façon: maillage d’obligés pour le premier, élevage en plein air pour le second. Les cuistots de Joël émergent un peu cabossés de leur passage (mais sortis de leurs conditions) alors que Ducasse les galvanise, les protéine et tous deux en font des ogives nucléaires pulvérisant leur CV.
Tous deux ont leur ancrage, Ducasse oscille entre sa centaine de valises (c’est un collectionneur du genre ainsi que d’antiquités africaines) avec un ancrage Côte d’Azur Riviera (entre Maremma et Verdon) alors que Robuchon a constamment nourri un sentiment pour le Japon où il triomphe pour sa légitimité; l’approche hautaine de Ducasse freinant gentiment (comme naguère à New York) ses avancées.
Voyez-vous plus clair entre ces deux astres de la gastronomie ? Voyez-vous des familles dans cette bataille de deux superbes ego juchés sur leur pain de campagne? L’un se veut plus intello, brassant les concepts, entretenant des nuées d’experts, fichant ses journalistes, alors que Robuchon est plus pragmatique, manuel, avec un instinct bonifié par l’âge.
Tous deux, en tout cas, n’ont de cesse d’avancer, ils se tirent la bourre certes avec une jubilation de fripons et de corsaires, mais régulièrement, comme des parrains ivres de victoires, ils se retrouvent dans une auberge planquée, garent leur limousine à vitres fumées, s’échangent des maîtres d’hôtel, donnent un coup de main discret à des copains. Là-dessus, ils sont admirables. Dieu en descendrait presque de son nuage, histoire de converser avec ces deux gredins. Le problème, c’est qu’il aurait du mal à regagner son firmament. Les deux lascars savent toujours cuisiner, et sortir les meilleurs flacons. Ils seraient capables de lui faire signer un contrat de franchise pour commercialiser son nom.
Paule
24. août, 2010
J’adore l’humour des commentaires !
Et encore bravo pour ce blog que je lis fidèlement chaque jour et qui me régale.
Avec plein d’amitiés.
Paule